Deuxième concert en huit mois à Montréal pour Franz Ferdinand. Après avoir mis quatre ans de travail sur Tonight, son troisième album, le groupe bosse déjà sur le suivant. Les rockeurs de Glasgow ne chôment pas - et tant pis pour les projets parallèles du guitariste, claviériste et choriste Nick McCarthy, que nous avons interviewé.

«Projet parallèle, je n'aime pas ce mot, c'est comme un juron pour moi!» réagit en riant Nick McCarthy. Un chic type, le guitariste, très volubile et enjoué au bout du fil, qui avoue que même si Franz Ferdinand est un groupe très demandant, il a toujours du temps pour créer autre chose. «Tu sais, un groupe en tournée, ça passe quand même pas mal de temps à glander, entre deux concerts. Et c'est assez incroyable tout ce qu'on peut accomplir avec seulement un ordinateur portable. Alors, oui, j'ai du temps pour mon autre groupe...»

Ça s'appelle Box Codax, un trio qu'il forme avec deux amis et qui donne dans une pop aux accents électronique, très lo-fi, ludique, limite débile, même. McCarthy confirme qu'un deuxième disque de cette bibite paraîtra cet automne. «C'est un truc de studio, tu sais, on n'a jamais donné de concerts. Disons que c'est le genre de projet qui me garde sain d'esprit pendant que je perds mon temps dans un aéroport!»

Il faut écouter ces étranges chansons, et entendre McCarthy faire des blagues et rire de bon coeur, pour réaliser qu'il est le yin du très flegmatique et contenu Alex Kapranos, chanteur et guitariste, le yang de Franz Ferdinand. Toute la science du son du groupe est dans ce contraste de personnalités: des chansons qui ont de l'attitude, mais avec un humour au second degré qui s'exprime dans cette énergie contagieuse et dansante.

«Dès le début de l'écriture de Tonight, on savait qu'on voulait des chansons qui font danser, dit McCarthy. On avait réalisé, après avoir longtemps tourné, qu'il nous fallait un album pour faire bouger. Les chansons que tout le monde a envie de chanter avec nous, c'est bien, mais on est un groupe qui aime faire danser les gens. Et puis, on a un batteur franchement métronomique - l'un des meilleurs dans le métier! Ce serait stupide de ne pas en profiter.»

Les basses très profondes, souvent doublées d'une ligne de synthés pour y ajouter du poids, amplifient le caractère «dancefloor» de Tonight, renchérit-il. «C'est un disque axé sur la section rythmique», dit le musicien, un disque qui, indique-t-il, se prêtait tout naturellement à l'exercice dub (avec plus ou moins de succès, convenons-en), ainsi qu'on a pu le constater sur l'inégal Blood, lancé il y a quelques semaines après avoir été offert sur une version «de luxe» de Tonight.

«On l'aime bien, cette version dub, commente le guitariste. Pour une collection de mixes «extrêmes» de nos chansons, je crois que ça a bien sorti. C'est venu de notre réalisateur (Dan Carey); il a travaillé avec les grosses légendes du dub, Lee Perry, Mad Professor, Sly&Robbie. On lui posait toujours des questions. On peut faire ça comme ça? On peut ajouter ça dans le mix? Ça ne passait pas toujours très bien pour Tonight, alors on s'est dit qu'on allait faire un autre disque avec ces mixes, en toute liberté.»

Franz Ferdinand, qui tourne présentement aux États-Unis en première partie de... Green Day, terminera son été de spectacles au Canada. «Après, on va travailler sur le nouveau disque», confirme McCarthy. Déjà? « Il faut prendre la balle au bond! Et puis, ça a tellement traîné avant qu'on lance ce troisième disque... Il y a plusieurs idées de Tonight qui n'ont pas servi, on verra jusqu'à quel point elles seront toujours bonnes.»

Rien n'est encore planifié, sinon l'horaire de travail. «On n'en a même pas encore discuté entre nous. Lorsqu'on commencera à écrire, on décidera bien de la direction du disque. Mais je sens qu'on a envie de retourner à quelque chose de plus rock'n'roll. C'est toujours bien de pouvoir se défouler sur scène.»

Franz Ferdinand, en concert le lundi 31 août au Métropolis.

 

EN UN MOT...

La sensation indie-rock britannique défie la hype et les modes en préparant son quatrième album - déjà!

album essentiel

Le premier album, Franz Ferdinand, paru en 2004 (Domino Records).