Si Clément Jacques a maintenant une certitude, c'est qu'il devra se procurer un agenda! À la veille de faire paraître son premier album, le magnifique Consumed&Guilty, l'auteur-compositeur originaire du Saguenay perdait déjà le fil d'une vie sur le point de basculer.

Onze heures. L'appel de Clément Jacques ne vient pas. Lorsque la journaliste parvient finalement à mettre la main sur le musicien, quelques minutes plus tard, celui-ci se confond en excuses. «Je ne peux pas faire ce genre de chose», s'est-il flagellé.

 

L'épisode résume bien à quelle nature sauvage on a affaire. Un jeune homme qui dit avoir «l'âme d'un bûcheron» et aime «la vie simple «. Un jeune homme qui rêve d'un «petit spot dans le bois «, où il pourrait vivre tranquillement avec son chien entre deux tournées.

Pas de doute, Clément Jacques est un esprit libre qui ne vit, depuis l'adolescence, que de grand air et de musique. D'abord un passe-temps, cette dernière est devenue un objet d'études, à Alma et à Québec, avant de constituer un métier, avec une participation à la vitrine 5x5 du Petit Champlain, en 2006. C'est là que Clément Jacques allait faire la rencontre du programmateur de l'époque, Jean-Benoît Dumais, qui allait entreprendre de s'occuper de sa carrière.

Feu de camp

De fil en aiguille, le bachelier en chant jazz allait se consacrer plus sérieusement à préciser sa démarche artistique par l'écriture. C'est finalement à l'enseigne d'une folk contemporaine imprégnée de countryque Clément Jacques allait loger. Le mini-album indépendant Smile for a While allait ouvrir la voie à un premier album original, Consumed&Guilty, qui porte la touche très personnelle de son auteur et la signature sonore de son réalisateur, Éloi Painchaud.

«Je suis tellement content de ce que l'on a fait avec cet album que, même si les gens ne trippaient pas, même si la critique ne l'aimait pas, je le défendrais jusqu'à la mort», a-t-il soutenu à l'autre bout de la ligne.

Et pour cause. Le talentueux duo propose, avec ce disque, une inspirante collection country-folk qui, avec son ambiance chaleureuse, évoque des nuits étoilées autour d'un feu de camp.

«On était conscient qu'il fallait une certaine homogénéité dans le son. On s'est dit qu'on allait laisser venir les chansons et qu'après, on déciderait lesquelles fittaient le plus. On a donné la même chance à toutes les chansons.»

Avec un collaborateur comme Éloi Painchaud, il ne faut d'ailleurs pas s'étonner qu'une certaine couleur country teinte l'ensemble. «Je pense qu'on a dû s'imprégner l'un de l'autre. Le country, on aime ça tous les deux, Éloi et moi. Et j'en suis très content. Parce que c'est un style de musique qui me ressemble, qui est assez groundé», a fait remarquer l'artiste.

Rédemption, foi, mort

Si la musique de Clément Jacques est bien ancrée dans la terre, les thèmes exploités en paroles le sont beaucoup moins. La rédemption, la foi et la mort sont des sujets qui préoccupent en permanence le musicien.

«Il y a quelque chose dans la connexion qu'on a avec Dieu en haut qui m'intéresse... Je pense aussi beaucoup à la mort. Je me retrouve beaucoup là-dedans. C'est très introspectif.»

Il en résulte une musique qui, parfois, offre un contraste étonnant entre la lourdeur de ses textes et la légèreté de ses musiques. Cela n'a rien d'innocent.