Les «durassiens» qui ont dépensé une petite fortune pour se procurer les plaquettes de Marguerite Duras aux Éditions de Minuit iront certainement acheter ce recueil d'entretiens qui avait sombré dans l'oubli.

De 1987 à 1989, Marguerite Duras s'est confiée en toute liberté à une journaliste italienne, mais ce n'est que maintenant qu'on nous offre la traduction de ces confidences.

Malgré la traduction, on reconnaît bien Duras, ses manies, ses obsessions. L'enfance en Indochine, la relation trouble à la mère, les frères, son expérience du Parti et pourquoi elle l'a quitté, l'alcool, la relation avec Yann Andréa et sa vision très dure de l'homosexualité. Mais c'est avant tout l'écriture qui domine le discours.

«Quand j'écris, j'oublie toute idéologie, toute mémoire culturelle», dit-elle. Duras ne se reconnaît pas dans ses contemporains, Sollers, Butor, Tournier. «Qui les lit? Je les soupçonne d'être ennuyeux. Aucun d'entre eux en tout cas n'écrira jamais un livre comme Le ravissement de Lol V. Stein

Pas plus qu'elle se voit chez les écrivains du Nouveau Roman «tous trop intellectuels pour moi». Posture souveraine qu'elle maintiendra jusqu'à la fin... Bref, un must pour les durassiens.

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Marguerite Duras, la passion suspendue. Entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre. Seuil, 159 pages.