Pour qui ne cohabite pas avec l’anxiété, il peut être difficile d’imaginer l’ampleur des tentacules et la force de cet indésirable colocataire. Pour ceux qui le connaissent trop bien, il y a ce sentiment de solitude. Dans Stresse pas, minou !, 11 femmes à la plume aiguisée s’ouvrent sur ce mal qui s’invite dans leur vie sans jamais y être invité.

Dirigé par Joanie Pietracupa, rédactrice en chef des magazines Véro, Elle Québec et Elle Canada, elle-même aux prises avec un trouble de l’anxiété généralisée, Stresse pas, minou ! est une collection de courts récits personnels, sans façade, tantôt douloureux, tantôt lumineux.

On y retrouve avec bonheur la plume poétique de Gabrielle Boulianne-Tremblay : « Les grandes marées sont redoutables, celles qu’on voit venir à des kilomètres à la ronde. Il m’arrive de souhaiter qu’elles m’emportent. Me faire varech. Me faire souvenir. »

Et l’écriture directe et jamais exempte d’humour de Catherine Éthier : « Ça va passer. Comme l’autobus 45. Il finit toujours par passer. C’est juste que des fois, tu gèles longtemps su’l coin. »

Puis on découvre le talent d’écriture de Caroline Décoste, les illustrations de Safia Nolin, le sens du rythme d’Ines Talbi et l’authenticité de Stéphanie Boulay. Tous les textes du recueil n’ont pas la même qualité littéraire, mais tous témoignent certainement d’une générosité et d’un grand courage à exposer les affres de l’anxiété qu’on a trop souvent tendance à ne pas vouloir montrer ou voir. Stresse pas, minou ! est d’ailleurs un clin d’œil à cette impression bienveillante, mais un brin maladroite. Et ce livre démontre que l’anxiété, c’est beaucoup plus fort que ça.

Stresse pas, minou !

Stresse pas, minou !

KO Éditions

160 pages

7/10