«Ben voyons donc!» Il ne s'agit pas de notre réaction quand nous avons appris que Joël Legendre tentait sa chance en humour, mais bien du nom de la série du festival Zoofest qui vise à faire sortir des personnalités connues de leur zone de confort le temps d'un spectacle de 60 minutes. Après Gilbert Rozon l'été dernier, ce sera au tour de Joël Legendre de s'improviser humoriste le 14 juillet au Monument-National. Entrevue avec l'animateur, doubleur, comédien, metteur en scène et chanteur qui ajoute une nouvelle corde à son arc.

Vous avez animé des galas au Grand Rire et à Juste pour rire au cours des dernières années. Prépariez-vous votre saut en humour depuis un moment?

C'est quelque chose que je n'ai jamais pensé faire dans ma vie. Lorsque Patrick Rozon de Zoofest m'a approché, ç'a été un non catégorique. Je ne voyais pas l'intérêt de mettre autant d'énergie dans un show d'une heure. Un six minutes dans un gala, c'est déjà beaucoup de travail quand tu n'es pas humoriste! Il m'a rappelé une seconde fois et j'ai encore refusé. Finalement, il m'a convaincu de participer à une rencontre avec des auteurs pour brasser des idées. Après deux heures et demie, j'étais emballé, car j'ai compris que je pouvais raconter une histoire.

À quoi ressemble cette histoire-là?

Les trois auteurs avec qui je travaille, Mathieu Bouillon, Luc Michaud et Cassandre Charbonneau-Jobin, m'ont fait réaliser que ma vie est assez colorée et divertissante pour que je puisse m'en servir. Ils sont de la génération qui a connu Iniminimagimo et ils ont le recul pour faire une version «trash» de ce genre d'émission ou des films que j'ai doublés. Mais le point de départ de cette l'histoire est celle du petit gars de 10 ans qui a vu un one-man show qui lui a donné envie d'être artiste.

Qui est cet artiste qui vous a autant inspiré?

Il s'agit d'une personne à qui je me suis beaucoup identifié, qui faisait du chant, de la comédie, de la parodie. J'ai été élevé sur une ferme. À 10 ans, j'ai voulu aller voir son spectacle, mais je ne l'ai dit à personne, car ça me mettait bien trop à part. Il y a tout un mystère autour de ce show-là et de la personne en question. Alors je veux garder la surprise. Je ne lui ai pas parlé souvent dans ma vie, mais j'ai dû l'appeler pour avoir des informations. Mon idole de jeunesse a été très généreuse et m'a même proposé de venir sur scène!

Votre refus de monter sur scène était-il aussi lié à la peur de vous exposer?

Oui. Pourquoi faire ça et me planter? Pour que tout le monde me détruise le lendemain? J'ai vécu ça l'année passée et j'ai trouvé ça très difficile. C'est là que Patrick [Rozon, directeur général du Zoofest] est entré en jeu, un peu à la façon d'un psychologue. Il m'a poussé à revoir les choses et à monter sur scène avec l'envie du petit gars de 10 ans.

Êtes-vous rendu à rire du scandale de l'an dernier?

Oui. Je vais même en rire sur scène. Quand c'est arrivé, Gilbert Rozon a été le premier à me contacter. Il m'a dit de prendre le temps de vivre tout ça et qu'un jour, sans m'en rendre compte, je serais prêt à en rire et que ça voudrait dire que c'est passé.

Est-ce que l'expérience est thérapeutique?

Oui. Je pense que c'est la meilleure façon d'exorciser une vie que de décider d'en rire. Ça demande beaucoup de force, de courage et de lâcher-prise. Quelqu'un me donne la chance d'être une heure sur scène, tout ce dont je rêvais quand j'avais 10 ans. Je vais avoir 50 ans, je vais pouvoir faire une remise en question de ma vie personnelle et professionnelle en une heure, une seule fois.

Et si c'était plus qu'une seule fois?

Je ne veux pas aller là pour le moment. C'est trop de pression et ce n'est pas le but de tout cela.

Vous allez donc réviser votre vie en 60 minutes?

Je repasse 30 ans de carrière, en me parodiant, en riant de moi-même et en montrant tout ce que je sais faire, même de façon moyenne! Les auteurs m'ont souligné que j'avais une vie atypique: un père célibataire qui a adopté un Asiatique, en couple avec une personne de même sexe, qui a recours à une mère porteuse, avec des ovules qui viennent des États-Unis et qui donne naissance à des jumelles. Ma vie n'est pas simple! Tout ça va être raconté de manière humoristique. J'ai aussi deux gros numéros d'imitations avec extraits de comédies musicales que j'aurais aimé faire!

«Laissez-moi encore chanter... danser, imiter, jouer, animer, doubler, diriger, rire de moé...»

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Au Monument-National le 14 juillet, dans le cadre de Zoofest.