Jacques Bourjolly, mieux connu sous le nom d'artiste Kako, sera de la programmation du troisième spectacle-bénéfice HaHaHaïti, au profit de la première École nationale de l'humour en Haïti. Portrait d'un humoriste engagé qui aime autant faire rire que faire le bien autour de lui.

Nous avons attrapé Kako lors de son passage à Montréal pour la première du film Ego Trip de Benoit Pelletier, dans lequel il tient un petit rôle et a agi comme consultant pour le tournage. Il sera de retour chez nous le 19 juillet pour le spectacle HaHaHaïti, mis en scène par Louise Richer et Benoit Pelletier, au profit de la création de la première École nationale de l'humour en Haïti, qui ouvrira ses portes cet automne.

«On ne peut pas dire non à Louise, elle est tellement une amie d'Haïti, dit Kako, avec un grand sourire. C'est extraordinaire, l'amour de Benoit et de Louise pour ce projet. La force qu'ils mettent pour créer une école de l'humour, le potentiel qu'ils y voient...»

Si une telle école avait existé lorsqu'il était plus jeune, nul doute que Kako l'aurait fréquentée. Aujourd'hui, il participe à son élaboration, et ce qui lui tient le plus à coeur est de pouvoir montrer aux jeunes talents de son pays que ce rêve est possible. Il en est la preuve vivante.

«J'ai toujours eu ce talent de blagueur depuis que je suis petit, et un jour, des amis qui ouvraient un bar m'ont demandé de faire un stand-up. Ça m'a pris trois mois pour dire oui. Je suis quelqu'un de très timide. Je travaillais toujours en même temps, c'était difficile de faire une tournée, mais en 2008, j'ai fait une petite crise cardiaque et ça a changé ma vie. C'était la meilleure chose qui pouvait m'arriver! Je me suis dit que je n'allais plus jamais travailler pour quelqu'un, mais pour Kako. Et ça a explosé. Je peux dire aujourd'hui que je gagne ma vie avec mon talent.»

Créer des ponts

Véritable star en Haïti, où ses spectacles Bingo Night sont courus, Kako se produit aussi partout «où il y a des Haïtiens», de Montréal à Miami en passant par la France ou la Martinique, car son humour, il le pratique en créole, et son intention est de créer des ponts. «Chaque fois que je fais un show à l'extérieur, j'essaie de vendre les bons côtés d'Haïti. Je leur dis de venir voir leur famille, de garder le contact.»

Pour sa part, Kako a les deux pieds fermement plantés dans son pays, qu'il adore, et qu'il veut aider. Il a créé il y a six ans la Fondation Kako (ou Kako's Kids), qui vient en aide aux enfants défavorisés par des camps de jour et des camps de vacances.

«Faire rire, c'est la chose la plus facile au monde, mais faire rire un enfant, c'est profond, ça n'a pas de prix. Surtout en Haïti. Tu lui donnes de l'espoir, le goût de la vie, quoi. Je me sers de ma popularité pour faire ça.»

«Aussi, j'incite au volontariat avec les enfants qui sont plus chanceux, et leurs parents, car on n'a pas assez de ça chez nous, confie Kako. Les grandes personnes, on n'a pas donné le bon exemple, il faut dire aux enfants que le pays est à eux. Ces enfants, ils ont peur, ils ont un comportement de bagarreur mais pendant qu'ils sont au camp, ils redeviennent des enfants.»

Une École nationale de l'humour en Haïti appartient à cette espérance, pour Kako. «Cette année, trois jeunes vont venir à HaHaHaïti, et c'est une chance extraordinaire pour eux de prouver que ça peut se faire, que ça peut être un débouché. Tu as beau le leur dire, quand ils le voient, c'est plus concret.»

Selon lui, l'humour est une dimension que partagent les Québécois et les Haïtiens. «On est plus proches de l'humour québécois que de l'humour français ou anglais. On aime rire de nous, de nos histoires, de notre famille. Notre pays n'est pas tellement chanceux, il faut de l'humour! Le message passe mieux par l'humour, et la pilule passe mieux aussi quand on rit de certaines choses un peu tristes.»

Avec comme invité d'honneur Wyclef Jean, le troisième spectacle HaHaHaïti présentera des numéros de Boucar Diouf, Eddy King, Adib Alkhalidey, Mehdi Bousaidan, Katerine Levac, Alban Jouvin, Marie-Lyne Joncas, Ralph Alfred Valery, Gariana Jean-Louis, Johnny Moussignac et, bien sûr, Kako.

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HaHaHaïti, le 19 juillet, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts