Le Premier Gala de l'ADISQ avait lieu hier, avant celui qu'animera Louis-José Houde dimanche soir. De nombreux artistes ont été récompensés, puisque les nominations couvraient une grande diversité de sous-genres. François Pérusse a néanmoins remporté deux Félix, hier soir. Le sujet de la soirée? Sans doute la chute des ventes d'albums.

Scène de coulisses aperçue hier soir en salle de presse au Premier Gala de l'ADISQ: François Pérusse faisant une chaleureuse accolade à Patrick Norman et Renée Martel. Le premier venait de remporter le Félix du meilleur album d'humour pour le tome 10 de l'Album du peuple alors que les deux autres célébraient leur couronnement dans la catégorie du meilleur album country.

Pendant ce temps, Louis Morissette était au micro du Métropolis pour cueillir le Félix du meilleur spectacle d'humour. Il a parlé de la bête noire de l'ADISQ: la chute des ventes de musique. «Je suis un peu mal à l'aise. L'industrie de la musique est tellement attaquée de tous bords et de tous côtés», a-t-il lancé, avant de proposer que la catégorie humour soit retirée de la remise de prix de l'ADISQ pour y ajouter une prestation.

En allant chercher son premier trophée, François Pérusse a aussi parlé de l'époque où les gens pensaient que le streaming était «un mets chinois». Paradoxe, deux heures plus tard, il remportait le Félix du «meilleur vendeur» devant 2Frères et Paul Daraîche, qui ont pourtant cumulé plus d'exemplaires vendus. «Un truc de dates, a expliqué François Pérusse. C'est complètement inattendu.»

Et pourquoi le public est-il toujours au rendez-vous après 10 Albums du peuple? «Je ne peux pas te répondre... On ne sait jamais comment le public va réagir...»

De multiples catégories

À part peut-être François Pérusse, aucun artiste n'est sorti grand gagnant du Premier Gala de l'ADISQ, hier soir.

Il faut dire que les remises de prix ne culminent pas avec une catégorie finale de l'album de l'année qui consacre en grande pompe un groupe ou un artiste. Les catégories du meilleur album sont divisées en de multiples sous-genres et les artistes s'inscrivent parfois là où on ne les attend pas, dans les catégories pop, folk, rock, alternatif et adulte-contemporain.

Koriass a remporté comme il se devrait le Félix du meilleur album rap. Il a salué les autres rappeurs sélectionnés, soit Manu Militari, D-Track, Brown et Rednext Level. «Tous des gens qui sont mes amis.»

Koriass se réjouit de la vitalité et de la consécration de la scène rap, mais concède qu'il y a encore du chemin à faire.

«La musique qui est achetée demeure consensuelle. Le public demeure un peu réticent à acheter du rap. Mon album se vend, mais je suis passé à Tout le monde en parle. Mais c'est une question de temps, car le public vieillit...»

C'était peut-être le premier de deux Félix pour Koriass, aussi sélectionné dimanche soir dans la catégorie de l'auteur-compositeur-interprète de l'année. Hier soir, le rappeur était également en lice pour le choix de la critique, mais le Félix est allé à l'humble et timide Fred Fortin pour son album Ultramarr.

Mères et musiciennes

Fort émue, Ingrid St-Pierre a remporté le prix du meilleur album adulte-contemporain. «J'ai lancé l'album avec un bébé naissant. Ce sont deux projets qui demandent beaucoup d'énergie. Je suis contente d'être une maman et une musicienne heureuse», a-t-elle confié à La Presse.

Coeur de pirate a aussi souligné à quel point son album avait donné lieu à des chamboulements émotifs et familiaux. Elle ne pensait jamais remporter un jour le Félix du meilleur anglophone pour Roses (dont les chansons sont en fait dans les deux langues) et être nommée aux côtés d'un musicien de la trempe de Patrick Watson. «Après la naissance de [sa fille] Romy, je me disais que je n'allais peut-être plus faire de musique.»

Coeur de pirate a par ailleurs déclaré ne pas savoir si elle sortirait un album à proprement parler ou des «choses». «Bientôt, le disque n'existera plus.»

En vrac

Dans leurs catégories respectives, le Premier Gala (naguère appelé Autre Gala) a couronné hier Boogat (musiques du monde), Safia Nolin (meilleur clip), Le Matos (électronique), Brigitte Boisjoli (réinterprétation) et Bernard Adamus (meilleur album alternatif). «Cela amène un sens de longévité», a commenté ce dernier, qui aura donné rien de moins que 110 spectacles en 2016, dont une série finale en France.

Le Félix du meilleur album traditionnel est allé à Nicolas Pellerin et les grands hurleurs pour ¾ fort. Susie Arioli s'est distinguée dans la catégorie jazz.

Dans les catégories de musique classique, l'Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin ont reçu un prix, hier, de même que Charles Richard-Hamelin. Lors du gala de dimanche, le pianiste est par ailleurs en nomination dans la catégorie de la révélation de l'année. Tout comme Erik West Millette, qui a remporté pour sa part hier le Félix du meilleur album instrumental.

Enfin, soulignons que Patrick Watson et ses musiciens ont gagné le Félix du meilleur spectacle anglophone, alors que Half Moon Run a décroché celui de l'artiste s'étant le plus illustré à l'extérieur du Québec.

En attendant dimanche...

Diffusé à Télé-Québec, le premier gala animé hier par Sébastien Diaz - avec Claude Rajotte comme maître de cérémonie - a offert au public des prestations de Bernard Adamus, Boogat, Brigitte Boisjoli, Fred Fortin et The Barr Brothers.

Animé une fois de plus par Louis-José Houde, le gala principal de l'ADISQ suivra dimanche à la Place des Arts.

Coeur de pirate, Safia Nolin et 2Frères y multiplient les sélections, tout comme Jean Leloup, Koriass, Philippe Brach, Louis-Jean Cormier et Marie-Pierre Arthur.