Pas moi, quoiqu’on me passe régulièrement des savons, que la télé m’inflige des supplices et que j’ai arboré plusieurs mauvaises coupes de cheveux.

Mais bien le petit Hugo Mathieu (Ludovic Michaud) dans À cœur battant, qui a été torturé, drogué au GHB, puis noyé dans son bain par son ordure de père, Gaston Mathieu, campé par un Olivier Barrette hyper détestable.

Pour rajouter une couche de malheur, le petit Hugo, d’âge préscolaire, souffre d’une déficience, il parle peu et son examen médical a révélé des coupures aux testicules. Impossible d’être plus vulnérable et à la merci d’adultes fêlés du coco.

C’est une intrigue pénible à visionner. Car la mère, la neurasthénique Laura Chagnon (Ève Lemieux), ne protège pas ses propres enfants. Victime de son mari ultraviolent ou complice des sévices infligés à Hugo et Josie, cette Laura ? Le sergent-détective Fabien Gauthier (Maxime Mailloux) ne sait pas comment classer ce cas de misère humaine, disons-le. L’épisode de mardi, déjà disponible dans l’Extra de Tou.tv, penche en faveur de la première hypothèse.

À l’image de l’histoire tristement vraie de la fillette de Granby, l’auteure Danielle Trottier plonge ses 1 035 000 téléspectateurs dans un milieu pauvre et difficile, où de nombreux signalements à la DPJ ont été ignorés.

Conséquence : deux des bambins du couple maudit (le troisième, qui n’a que quelques jours, a été épargné) ont été négligés et torturés, selon la police.

Ça nous arrache le cœur. Autant d’impuissance, d’ignorance et d’incompétence. Et heureusement que la grand-maman Bernadette (Monique Gosselin) a sonné quelques cloches, parce que ce cycle toxique n’aurait jamais été brisé.

C’est une excellente saison d’À cœur battant qui se déploie sur nos écrans, les mardis à 20 h, à l’antenne de Radio-Canada. Évidemment qu’on ne se branche pas sur ce téléroman pour rigoler. Cette œuvre est dure et poignante, mais instructive. Je pense ici à l’intrigue qui implique Annie Briand (Lynda Johnson), atteinte d’une maladie dégénérative qui ressemble à la SLA, et son mari Laurent Lenoir (André Robitaille), qui nous ouvre les yeux sur un phénomène moins médiatisé : la manipulation et le contrôle dans une relation de proche aidant.

La violence de Laurent envers Annie n’est pas « spectaculaire », si je peux me permettre. Mais elle fait aussi mal. Annie ne sort plus de son lit, elle porte une couche et c’est son conjoint Laurent qui lui prodigue tous ses soins corporels.

Annie dépend complètement de Laurent, qui l’humilie avec des phrases blessantes. « Tu chies plus souvent », a-t-il remarqué avant d’essuyer les fesses d’Annie avec un linge imbibé d’eau bouillante. C’est épouvantable.

Laurent prive Annie de son téléphone et l’isole, pour garder la mainmise sur elle. Personne ne soupçonne ces agressions, car Laurent se présente comme un ange dévoué à sa douce, la mère Teresa du confort à domicile. Reste qu’il trompe Annie avec un homme, c’est la mode à la télé ces temps-ci, et il ignore ses appels à l’aide en écoutant de la musique classique très, très fort.

Les cas d’Annie, qui réclame l’aide médicale à mourir, et du petit Hugo se ressemblent beaucoup, car ils impliquent deux personnes incapables de se défendre physiquement et dont l’entourage n’entend pas la détresse.

Elles-mêmes affligées par les démons du passé, les deux vedettes d’À cœur battant, le psychoéducateur Christophe L’Allier (Roy Dupuis) et la procureure Gabrielle Laflamme (Ève Landry), sortent à peine la tête de l’eau.

Avant les Fêtes, le taciturne Christophe songeait à assommer sa mère Édith (Micheline Lanctôt) avec l’urne contenant les cendres de sa sœur séropositive et suicidée, Julie (Larissa Corriveau). Édith, qui a agressé sexuellement Christophe pendant son enfance, se recueillait alors sur la tombe de son ex-mari, Paul L’Allier.

Bien sûr, Christophe a réprimé ses envies de matricide, mais Édith, survivante du cancer, l’a surpris dans le détour en lui faisant la grande demande : « Je ne veux plus vivre, je veux mourir et le plus vite sera le mieux. »

Gabrielle Laflamme, malgré ses visites au DWindbourne (Roger Léger), ne va pas mieux. Son père Hervé (Marc Messier), qui a tué sa mère à coups d’attendrisseur à steak (52 coups, pour être précis) alors qu’elle avait 12 ans, a obtenu sa libération conditionnelle, ce qui l’amène à a) se bourrer d’anxiolytiques et b) se replanter une seringue dans le bras.

Le prochain épisode d’À cœur battant renferme une scène bouleversante entre Gabrielle et Christophe, qui s’ouvre sur sa relation douloureuse avec son propre père Paul, dont il a peu discuté. Un grand moment de télé entre deux acteurs doués, qui nous rappelle pourquoi on regarde cette série tous les mardis, même si notre cœur en prend plein la gueule.

Je lévite

Avec La journée (est encore jeune) à Radio-Canada

Puisque mes camarades en parlent peu, je me mouille. Même quand je n’y participe pas (plogue : tous les jeudis avec Nathalie Petrowski), j’écoute toujours Jean-Philippe Wauthier, Olivier Niquet et Jean-Sébastien Girard. Leur émission radiophonique quotidienne, diffusée du lundi au vendredi à 13 h au 95,1 FM, est tout aussi drôle qu’elle est joyeusement bordélique. Les collaboratrices, dont Suzie Bouchard et Gabrielle Côté, sortent particulièrement du lot cette année. Et oui, ça se rattrape super bien par l’application OHdio, bon.

Je l’évite

La pub du Grand Times Hôtel

Elle doit passer 14 fois dans une soirée. Et elle s’invite dans nos salons en version féminine et masculine, on est vraiment chanceux (ironie). Toutes les fois où cette courte réclame joue, avec sa chanson susurrée en anglais comme à L’île de l’amour, on a l’impression qu’il s’agit des premières secondes d’un Fifty Shades of Grey, mais tourné dans le stationnement du Centropolis, à Laval. Ça ne fait ni cosmopolite, ni urbain, ni chic. Juste ordinaire.