Il y a tellement de linge dans un magasin Uniqlo, l’équivalent japonais de Gap, que ça donne le vertige vestimentaire.

Les pulls s’empilent jusqu’au plafond, les t-shirts se déclinent en un million de matières différentes, sans parler des pantalons amples, fuselés, à plis, droits, ajustés, décontractés ou 7/8. Au secours.

Comment trouver le morceau idéal, qui conviendra parfaitement, dans cet océan de tissus ?

Dans mon cas, j’abandonne devant cette tâche herculéenne. Sayonara, Uniqlo. Qui a le temps et la patience d’essayer autant de trucs avant de tomber sur le bon ?

Trop de choix, ça semble pourtant le paradis pour le consommateur, non ? Plus maintenant. Devant autant d’options, les gens se découragent. Ils auraient besoin d’une styliste pour les guider dans les rangées surchargées de la boutique.

C’est exactement ce qui se passe cet automne à la télé québécoise : il y a trop de séries de fiction à suivre. Oui, trop. Les téléspectateurs ont magasiné, en début de saison, puis ils ont abdiqué, repoussant l’écoute à plus tard, « quand je vais avoir plus de temps libre ».

On le sait tous qu’un nouveau cycle télévisuel s’amorcera en janvier, avec des histoires flambant neuves, et que le retard accumulé depuis septembre ne sera jamais comblé.

Conséquence ? Les cotes d’écoute en direct dégringolent sur toutes les chaînes. Et plusieurs excellentes séries québécoises ne décollent pas et passent totalement dans le beurre.

Personne, pas même moi, n’a le temps de s’enfiler Alertes, 5Rang, Sorcières, STAT, Indéfendable, Une affaire criminelle, Fragments, À cœur battant, Mégantic, Plan B, Portrait-robot, Avant le crash, Après le déluge, Discussions avec mes parents, Le temps des framboises, Aller simple : survivre, Entre deux draps, La candidate, La petite vie 2.0 et Les révoltés.

De mémoire de chroniqueur, jamais l’offre n’a été aussi volumineuse. C’est extrêmement foisonnant. Limite épeurant.

« On tourne beaucoup trop de séries au Québec. On fait trop de séries pour l’argent qu’on a. On devrait en faire moins, les faire mieux, et privilégier les séries événementielles, les séries à grand déploiement. Il faut splasher plus fort, il faut que notre série devienne incontournable », soutient le réalisateur et producteur Alexis Durand-Brault (Mégantic, Désobéir : le choix de Chantale Daigle).

La surabondance de séries de fiction, et son effet démoralisant chez les téléspectateurs, fait énormément jaser dans le milieu de la télé québécoise. Ce contexte de surcharge dilue l’impact individuel d’une émission, qui se noie dans une mer de titres similaires.

Même les émissions plus audacieuses, comme Après le déluge sur les ondes de Noovo, ne cartonnent pas. Ce qui fonctionne, c’est STAT et Indéfendable, toujours au sommet du palmarès d’écoute.

Et les téléphages qui suivent ces deux quotidiennes (on en regarde une en direct, on enregistre l’autre) hypothèquent ensuite leur soirée télé. Ces fans n’ont pas nécessairement le goût ni le temps d’enchaîner avec Avant le crash et Alertes. Alors, ils reportent et n’y reviennent pas.

Mais attention : la situation actuelle de profusion achève, avertissent des observateurs du petit écran. « La période post-pandémie a créé une demande de contenus quasiment impossible à soutenir. C’est ce que nous voyons présentement en ondes. Le Club illico, l’Extra d’ICI Tou.tv et Crave vident leurs réserves. La situation va revenir à quelque chose de plus normal bientôt », note une productrice chevronnée, qui ne souhaite pas mêler ses clients et son employeur au débat.

Autre facteur qui risque de plomber cette offre jamais vue : la hausse des taux d’intérêt, si, si. Sans entrer dans les détails techniques, sachez qu’un producteur de télé ne reçoit son financement public que 18 mois après la livraison de ses épisodes. Pour démarrer les tournages, ces producteurs empruntent à la banque où se négocient des marges de crédit, qui coûtent une petite fortune depuis un an. « Les taux d’intérêt montent, mais nos budgets, eux, ne bougent pas », déplore un espion en production télévisuelle.

Par ailleurs, les diffuseurs craignent qu’en rétrécissant leur catalogue de séries de fiction, ils accélèrent l’exode de leur clientèle vers des plateformes comme Netflix. Une inquiétude légitime.

« Non, il n’y a pas trop de séries télé. J’aime mieux voir des séries québécoises qui sont faites chez nous, par des artisans de chez nous, que de céder cet espace à des shows américains ou étrangers. On fait de la maudite bonne télé ici. Le problème, c’est son sous-financement. Depuis deux ans, tous les producteurs dépassent leurs budgets, qui ne reflètent plus ce que ça coûte vraiment de produire de la télévision », constate la productrice Sophie Deschênes, présidente de Sovimage (Avant le crash, Une affaire criminelle).

En mode, on peut investir dans quelques morceaux de qualité, qui vont durer longtemps, ou en acheter 43 à bas prix, qui s’autodétruiront dans deux saisons.

En télé, la même adéquation ne se fait pas aussi directement. La preuve ? STAT et Indéfendable, les émissions les moins ruineuses à fabriquer, proposent le meilleur rapport qualité-prix. Et elles ne sont pas encore démodées dans le cœur des téléspectateurs.

Je lévite

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE CHANTEURS MASQUÉS

Anouk Meunier

Avec Anouk Meunier à Chanteurs masqués

Des quatre juges-enquêteurs de l’émission canon de TVA, elle est la plus perspicace, la plus espiègle et la plus allumée. Elle repère le moindre petit indice dans les capsules, les rassemble dans une hypothèse et se trompe rarement sur l’identité des vedettes cachées dans les costumes de mascottes. Première impression : réussie.

Je l’évite

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE INSTAGRAM DE MAISON LADORE

Les vins Maison Ladore

Les pubs des vins Maison Ladore

Il n’y a rien de naturel – ni le vin, ni le jeu des « acteurs », ni leurs interactions – dans ces réclames qui apparaissent pendant les pauses d’Occupation double. On se croirait dans un sketch de Marc Labrèche. La femme blonde de ces publicités de vins d’épicerie s’appelle Cassandra Loignon et mettons que ses livres de recettes, très populaires, se digèrent mieux que ce qu’elle embouteille.