Un Français, arrêté en Floride après avoir tenté d'écouler des tableaux de Monet, Sisley et Bruegel, volés en 2007 au Musée des Beaux-Arts de Nice, a plaidé coupable jeudi devant un tribunal américain.

Bernard Jean Ternus, 55 ans, résidant à Cooper City (Floride), «a plaidé coupable d'avoir comploté pour transporter à travers plusieurs États afin de les vendre quatre peintures dérobées alors qu'il savait qu'elles étaient volées», ont annoncé le département de la Justice, le bureau du procureur de Floride, le FBI et l'agence de l'immigration et des douanes (ICE).

Présenté au juge Patricia A. Seitz à Miami, le Français a aussi plaidé coupable de fraude au visa. Il a reconnu avoir caché ses antécédents criminels - sept arrestations, une condamnation pour agression armée - lors de sa demande de visa américain.

En plaidant coupable, il évite un procès. Sa sentence sera prononcée ultérieurement.

Aux États-Unis, M. Ternus risque plusieurs dizaines d'années de prison et 250 000 dollars d'amende pour fraude et utilisation frauduleuse de son visa.

«Cette enquête est un modèle de coopération» entre plusieurs pays - États-Unis, France, Espagne - «dans la lutte contre les réseaux internationaux sophistiqués du crime organisé», a souligné dans un communiqué l'accusation. «Grâce aux efforts combinés d'enquêteurs américains, français et espagnols, des oeuvres de Monet, Sisley et Bruegel ont pu être rendues à leur propriétaire».

Les quatre toiles dérobées étaient Falaises près de Dieppe (1897) de Claude Monet, Allée de peupliers de Moret (1890) d'Alfred Sisley, et deux oeuvres signées Jan Bruegel, dit De Velours, Allégorie de l'eau et Allégorie de la Terre.

Le 18 juin, le Français avait d'abord plaidé non coupable et le début de son procès avait été fixé le 4 août à Miami.

Jeudi, il a reconnu avoir tenté d'écouler avec des complices entre août 2007 et juin 2008 les quatre tableaux volés le 5 août 2007 à Nice par des malfaiteurs armés.

Mais des acheteurs prétendument intéressés, rencontrés plusieurs fois à l'automne 2007, étaient en fait des agents du FBI et des policiers français.

Le 5 janvier 2008, une rencontre est organisée par Ternus à Barcelone. Le 19 janvier, nouvelle réunion à Barcelone. Il propose alors une transaction en deux temps: les quatre peintures seraient vendues pour 3 millions d'euros. Deux tableaux seraient remis contre 1,5 million d'euros, les deux derniers le seraient ultérieurement contre un versement similaire.

Cette procédure visait à garder un moyen de faire libérer un complice si une arrestation intervenait après la première transaction.

Rentré en Floride, le Français a de nouveaux rendez-vous pour mettre au point les détails de la transaction. Le 16 avril, deux de ses complices arrivent en Floride, via Madrid. Deux jours plus tard, une nouvelle rencontre avec les acheteurs potentiels se tient sur un bateau. L'un des complices évoque la possibilité de la destruction du Monet et du Sisley si la police intervient.

Après une nouvelle rencontre le 20 avril, les deux complices, non identifiés dans les documents de Justice, rentrent en France.

Le 16 mai, l'un d'entre eux rencontre à Carry-le-Rouet, dans le sud de la France, un policier français se faisant passer pour un acheteur, et lui montre un Sisley et l'un des Bruegel volés.

Le 4 juin, lors de la transaction, la police française arrête les complices de Bernard Ternus dans le sud de la France. En Floride, le FBI et le ICE interpellent le Français à Cooper City. Et la police nationale française met la main sur les quatre toiles volées, cachées dans une fourgonnette à Marseille, dans le sud de la France.