La mise à l'eau du navire le Grand Cru, qui a débuté tôt mercredi matin sur le bord du lac Memphrémagog, a été à l'image des dernières semaines: laborieuse et ponctuée de retards.

À 11 h, le bateau avait avancé d'une quarantaine de pieds. Sa proue touchait à l'eau, rapporte Annie Brunelle, directrice générale adjointe d'Escapades Memphrémagog.

À 15 h, la coque était presque complètement immergée. On se considérait même en avance sur l'horaire.

Puis, les choses se sont compliquées.

«C'était une opération très délicate, explique Annie Brunelle, directrice générale adjointe d'Escapades Memphrémagog. Le nez ne devait pas piquer et il ne devait pas y avoir trop de poids à l'arrière. Notre architecte naval a été très prudent.»

«Nous avons aussi eu un pépin avec les charriots sur lesquels le bateau avançait, ajoute-t-elle. Nous avons dû changer trois paires sur quatre, ce qui a entraîné un retard de deux heures.»

Initialement estimée à 100»000»$, la mise à l'eau aura coûté 600 000 $, ce qui porte le coût total du projet financé par l'entrepreneur André L'Espérance à 10 millions $.

Le Grand Cru a finalement été mis à l'eau à 20 h.

En chantier depuis deux ans, le bateau avait connu un premier retard avec la crue des eaux qui avait ramolli la voie de lancement. Après avoir progressé jusqu'à la rive le vendredi 13 mai, poussé par deux pelles hydrauliques, le Grand Cru avait dû patienter à nouveau avant de flotter en raison d'un manque de soudeurs.

Des travaux importants de soudure étaient nécessaires afin d'assembler la série de caissons de flottaison qui ont été collés autour du bateau.

Avec ces caissons greffés à ses flancs, le bateau fait présentement osciller la balance à 300 tonnes. Ces caissons permettront au bateau de flotter dans un petit parc d'une profondeur d'eau réduite pendant un laps obligatoire de 48 h, le temps que les sédiments soulevés par la mise à l'eau retombent au fond du lac.

Le Grand Cru sera tiré par trois bateaux au large, où il se délestera de ses caissons pour atteindre son poids normal de 165 tonnes. Il se rendra au quai Macpherson pour les derniers préparatifs avant son entrée en fonction, le 15 juin.

Curieux au rendez-vous

Malgré le retard, l'opération s'est déroulée sous l'oeil attentif de plusieurs curieux.

«C'est une attraction quand même exceptionnelle, je compte bien faire un tour lorsque le bateau sera fonctionnel», déclare Pierre Auclair, qui a fait le trajet depuis Beloeil pour s'asseoir sur les rives du lac et assister à la mise à l'eau du bateau.

Serge Pelletier, amateur de bateau de Saint-Élie-d'Orford, tenait également à voir le Grand Cru mettre le bec à l'eau.

«C'est un bel engin, lance-t-il. Je vais laisser passer l'engouement des premiers temps, mais j'achèterai éventuellement un billet pour une randonnée sur le lac.»

Le navire, qui peut accueillir 172 clients, offrira entre autre des randonnées gastronomiques pour des forfaits allant de 65 à 80 $. Toutefois, l'expérience ne se limitera pas au seul sens gustatif.

«Nous avons développé une plateforme qui s'insérera entre les flotteurs du bateau, annonce Mme Brunelle. Elle se déploiera à l'arrière pour des spectacles.»

«Il y aura un jet d'eau en forme de queue de paon sur lequel sera projeté une animation.»

Sans vouloir dévoiler trop de détails, Mme Brunelle a révélé que Memphré, le monstre du lac, pourrait bien prêter sa légende à la projection.