Après Noël, quand des milliers de personnes se sont vu offrir de nouveaux iPhone multifonctions, le trafic a explosé sur le site internet Pink Visual, spécialisé dans le porno.

La société, comme de nombreuses autres de l'industrie de l'érotisme et de la pornographie, a su s'adapter aux nouvelles façons de consommer des films, permettant à des millions d'internautes de se faire plaisir avec leurs téléphones, leurs lecteurs de DVD haute-définition Blu-ray, et la télévision par internet. «La façon de consommer du porno évolue», explique la responsable de la distribution de Pink Channel, Kim Kysar, lors du salon annuel du «divertissement pour adultes» qui a fermé ses portes dimanche à Las Vegas (Nevada, ouest).

«Ca va être plus personnel, et accessible où qu'on soit: sur la route, aux toilettes pendant le bureau...» ajoute-t-elle.

D'après elle, le nombre de visiteurs des sites Pink adaptés aux téléphones portables explose depuis six mois. 40% des visiteurs deviennent des abonnés payants.

«On a vu un pic (de fréquentation) après Noël, quand tout le monde a reçu des téléphones vidéos», raconte Mme Kysar. «L'une des premières choses que font les gens, c'est chercher sur Google 'porno iPhone', et voilà».

Dès l'origine Pink a été conçu comme un site internet, ce qui fait que ses clips sont déjà courts et rapides à télécharger. «On peut aller directement à ce qu'on a envie de voir», résume Mme Kysar.

«Si vous allez directement au dernier clip, vous avez l'orgasme. Si vous prenez une scène du début, c'est plus soft. On vient de réviser les codes, pour être sûr que ce soit bien à regarder».

Digital Playground, connu pour avoir produit le premier film érotique en haute définition il y a cinq ans, a pour sa part un site consacré exclusivement aux iPhones d'Apple, pour lesquelles il façonne des «bandes annonce» exclusives.

Un géant du secteur, Vivid Entertainment, est un des pionniers de la vidéos sur mobile - notamment en Europe, où il existe moins de limites légales qu'aux Etats-Unis.

«Le chiffre d'affaires continue à grandir avec l'avènement (des réseaux de téléphonie mobile) 3G», se réjouit le patron Steve Hirsch. «Plus il y a de téléphones avec une fonction vidéo, mieux c'est pour nous».

Les ventes de DVD, autrefois l'essentiel des recettes de Vivid, ne représentaient plus que 30% du chiffre d'affaires en 2008, alors que les abonnements internet, les téléchargements payants et les films sur demande sur le câble sont de plus en plus rentables.

Pour le moment cependant, les téléchargements ne compensent pas encore l'effondrement des ventes de DVD, d'autant que se pose le problème du piratage.

Aujourd'hui Vivid tourne tous ses films au haute-définition et renforce son offre dans le format de DVD Blu-ray

«Le 3D nous intéresse, c'est sûr», déclare M. Hirsch, tout en soulignant que les lunettes spéciales sont un obstacle pour le moment. «Il faut voir ce qu'offrent les nouvelles technologies et l'avenir, comme Hollywood», dit-il.

Avec tout ça, l'avenir du petit sex-shop du coin de la rue semble menacé, à en croire les acteurs du secteur. «Le mobile, le téléchargement, c'est comme ça que les gens se fournissent», explique Mme Kysar. «Ils n'ont plus envie de devoir rapporter leurs films en location, et de s'inquiéter à l'idée que les enfants ou des parents découvrent leur petite collection coquine».

«Ce ne serait pas bien d'avoir des café internet porno?», se prend-elle à rêver. «Dans des cabines individuelles - les types viennent, se connectent, et avec un peu de chance ne salissent pas trop».