Un jeu en ligne ciblant les jeunes adolescentes sème l'émoi en Grande-Bretagne depuis mardi. Des groupes de parents et des pédiatres accusent les créateurs de Miss Bimbo de rendre la chirurgie plastique et l'anorexie désirables aux yeux des enfants.

Le site internet propose à chaque concurrente de créer une «Bimbo» virtuelle à l'aide d'implants mammaires et de régimes.

En plus d'un «lifting», elles peuvent lui acheter de la lingerie et l'expédier dans une boîte de nuit à la recherche d'un homme riche «pour payer tous ses besoins de minette», et se hisser dans le classement.

Les rivales tentent d'accumuler le plus de points possible pour leur nymphette qui est jugée selon «son poids, son apparence et ses opérations chirurgicales».

Elles doivent la nourrir et l'embellir chaque jour. «Nous savons que vous voulez maintenir votre «Bimbo» maigre mais toutes les filles doivent manger une fois de temps en temps», explique-t-on dans les règles du jeu.

La popularité du site, qui compte plus de 250 000 membres après quelques mois en ligne, inquiète des parents britanniques.

De l'aveu des créateurs Chris Evans et Nicolas Jacquart, les plus jeunes participantes ont 9 ans.

Ce jeu envoie un message dangereux aux fillettes, selon Bill Hibberd, de Parentkind. À ses yeux, elles ne peuvent discerner le clin d'oeil ironique aux Paris Hilton de ce monde.

«Après avoir joué, certaines pourraient aspirer à devenir une «Bimbo» et recourir aux implants mammaires et aux pilules amaigrissantes», explique-t-il dans un communiqué.

De telles pilules étaient disponibles virtuellement jusqu'à hier, les webmestres ayant décidé de les retirer face au tollé.

Toutefois, quand une participante achète une barre de céréales ou un steak-frites sur le site, elle se fait avertir que son avatar grossira et qu'elle ferait mieux de la nourrir de légumes.

«C'est très nuisible pour l'image de soi des enfants, dit Dee Dawson, directrice médicale de la clinique Rhodes Farm, dont la plus jeune patiente a seulement 6 ans. Ce site devrait être banni de la Toile.»

Ce n'est qu'un jeu, insiste Nicolas Jacquart, un des graphistes.

«Le contenu est léger, dit à La Presse le Français de 23 ans, établi dans le sud de Londres. C'est beaucoup moins choquant que les jeux vidéo violents.»

Il soutient que la moyenne d'âge des membres est de 17,7 ans et que beaucoup sont dans la vingtaine.

Kimberley Warby en fait partie. L'étudiante britannique de 20 ans apprécie le côté satirique de Miss Bimbo.

Elle s'inquiète toutefois que des jeunes filles puissent interpréter certains de ses aspects au pied de la lettre. «Le jeu devrait être interdit aux élèves du primaire», croit la jolie blonde.

Bethany Tribe de son côté, croit qu'il n'est pas plus nocif que les images de célébrités rachitiques dans les magazines féminins. «Le problème, c'est notre culture de voyeurisme», dit la Britannique de 21 ans.

À consulter: www.missbimbo.com