La formation britannique Radiohead, menée par le chanteur Thom Yorke, a lancé son nouveau disque sur le web hier en offrant une version numérique de l'album au prix fixé... par l'acheteur.

La formation britannique Radiohead, menée par le chanteur Thom Yorke, a lancé son nouveau disque sur le web hier en offrant une version numérique de l'album au prix fixé... par l'acheteur.

In Rainbows, le septième album de Radiohead, est paru hier. Ne le cherchez pas sur les tablettes des disquaires, il ne s'y trouve pas. Ne songez pas non plus aux boutiques en ligne telles zik.ca ou iTunes Store, il n'y sera pas non plus. Il ne se vend actuellement qu'en format numérique par l'entremise de www.inrainbows.com, un site où le client est roi puisque c'est vous qui décidez combien vous voulez payer.

La Presse, comme des milliers de fans du groupe sans doute, s'est prévalue de la prévente mardi après-midi. La transaction, conclue pour la somme de 5,45£ (environ 10 $) n'a pris que quelques minutes. «Votre code d'activation personnel vous sera envoyé demain matin (heure de Grande-Bretagne), le 10 octobre», était-il écrit sur la facture reçue quelques secondes plus tard.

De fait, à 2 h 30 du matin, hier, La Presse recevait un message renfermant le lien personnalisé. Une quinzaine de minutes après avoir cliqué dessus, à l'heure du café, In Rainbows se trouvait dans l'ordinateur et dans le baladeur numérique de l'auteur de ces lignes, qui l'avait en plus gravé sur un CD. Les détenteurs d'une connexion haute vitesse pouvaient régler l'affaire en trois fois moins de temps.

Des défaillances

L'expérience s'est vraisemblablement révélée plus frustrante pour ceux qui n'avaient pas pris la précaution de profiter de la prévente. Un peu avant 13 h, hier, le site inrainbows.com n'était plus accessible, sans doute victime d'un trafic beaucoup plus important que celui qu'il pouvait gérer. La situation durait vraisemblablement depuis un certain temps puisque NME.com avait mentionné la défaillance du site dans une dépêche publiée deux heures plus tôt. Vers 16 h, tout était rentré dans l'ordre.

Durant toute la journée d'hier, la majorité des sites internet consacrés à la musique ont suivi de près l'expérience de Radiohead. Plusieurs d'entre eux proposaient des comptes rendus chanson par chanson et plusieurs autres demandaient à leurs lecteurs de révéler combien ils avaient déboursé pour télécharger l'album. «J'ai payé 20£ (40 $). Pourquoi? Parce que j'ai emprunté tous leurs autres disques à des amis et je les ai adorés, et je suis content de leur donner quelque chose en retour», disait un internaute appelé Ben, sur le site de BBC Radio One.

D'autres intervenants affirmaient avoir choisi d'acheter le coffret à 40£ (80 $), qui sera disponible en décembre et qui inclut le téléchargement du disque. Un certain nombre d'utilisateurs disaient ne pas avoir l'intention de débourser un sou, estimant que le format privilégié par Radiohead (des MP3 à 160kbps) n'était pas d'assez bonne qualité. Citant des sources non officielles, Billboard.com a mentionné que les fans du groupe ont déboursé en moyenne 5£ (10 $) pour leur exemplaire numérique de In Rainbows.

Des éloges

L'effervescence suscitée par la parution de ce premier disque de Radiohead en quatre ans a aussi incité des journaux à en faire la critique. «Peu importe combien vous l'avez payé, il est difficile d'imaginer que vous puissiez croire ne pas en avoir pour votre argent», concluait le quotidien britannique The Guardian, après avoir affirmé que In Rainbows est l'oeuvre d'un groupe «qui se sait au sommet de sa force». Le timesonline, de Londres, lui a accordé quatre étoiles. L'influent site Pitchformedia.com prévoyait pour sa part publier sa critique... la semaine prochaine.

La frénésie était aussi palpable sur plusieurs sites de partage de fichiers musicaux, durant la journée d'hier. Vers midi, chacun des trois sites visités par La Presse offrait entre trois et cinq liens différents pour télécharger l'album gratuitement.

Dans un cas, un seul lien comptait 1155 semeurs (c'est-à-dire de détenteurs du disque) qui étaient sollicités par 1201 téléchargeurs! Des utilisateurs justifiaient leur geste en disant qu'ils sauvaient de la bande passante au site de Radiohead qui, de toute façon, ne fonctionnait pas...

Radiohead n'est évidemment pas le premier groupe à tâter de la distribution sur internet. David Bowie a affirmé, dès la fin des années 90, vouloir diffuser sa musique sans faire affaire avec l'industrie du disque.

Perçu comme un visionnaire, le Thin White Duke a dû se raviser et a notamment publié un album intitulé Reality avec l'aide de Sony, en 2003. Dix ans après l'annonce de Bowie, l'expérience de Radiohead prouvera peut-être qu'internet et les fans de musiques sont mûrs pour un nouveau type de relation.

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