Il y a un an, Don Rogers a appris que sa banque, comme plusieurs autres grandes banques canadiennes, envoyait les données personnelles de sa carte de crédit aux États-Unis pour les traiter.

Il y a un an, Don Rogers a appris que sa banque, comme plusieurs autres grandes banques canadiennes, envoyait les données personnelles de sa carte de crédit aux États-Unis pour les traiter.

L'ancien conseiller municipal de 62 ans n'a pas apprécié.

«Les données personnelles envoyées aux États-Unis peuvent être obtenues par les autorités américaines à cause du Patriot Act. Je suis un citoyen canadien. Je suis assujetti aux lois canadiennes, pas aux lois américaines», dit Don Rogers, joint chez lui à Kingston, en Ontario.

Il a donc envoyé des lettres à la Citizens Bank of Canada pour témoigner de son mécontentement.

«Au début, dit-il dans un français impeccable, les gens de la banque étaient bien sympathiques. Ils me disaient nous apprécions vos commentaires. Mais je n'ai pas lâché et la position de la banque est devenue plus ferme.»

La Citizens Bank a finalement fait savoir à Don Rogers que sa politique n'allait pas changer et qu'il n'avait qu'à annuler sa carte de crédit s'il n'était pas content.

«La guerre venait de commencer», dit M. Rogers en riant.

Le guerrier a employé une stratégie pour le moins inusitée. Pour payer son solde du mois dernier, qui s'élevait à plus de 200$, il a fait des 985 virements sur sa carte Visa. Parfois un sou à la fois.

«J'ai fait environ cinquante transactions par jour pour payer mon compte mensuel de carte de crédit, explique-t-il. À la fin du mois j'ai reçu mon relevé. Il était long de 32 pieds, soit 35 pages!»

La Citizens Bank, de son côté, dit que peu de compagnies de crédit offrent de traiter les données au Canada et que changer son système serait trop coûteux. Elle ajoute en outre qu'une entente de confidentialité existe avec son sous-traitant américain, Total Systems Services Inc.

Don Rogers ne déposera pas les armes pour autant. «C'est très difficile pour les gens ordinaires de combattre les corporations géantes. Beaucoup d'autres Canadiens s'inquiètent de la sécurité de leurs données personnelles. La plupart d'entre eux ne savent pas que les données de leur carte de crédit sont transférées aux Etats-Unis.»

La guerre continue, dit Don Rogers. Son histoire a été rapportée par le Globe and Mail et en plus des journalistes, des citoyens ordinaires l'appellent pour le féliciter et l'enjoindre à continuer.

«Nous, gens à la retraite, avons beaucoup de temps» dit-il.