À 21 ans, tout en étant sur les bancs d’école en deuxième année du baccalauréat en génie logiciel, Victoria-Mae Carrière s’illustre en tant qu’entrepreneure. L’été dernier, elle a intégré l’incubateur de démarrage Propolys avec l’objectif de lancer son entreprise AyudART, qui allie intelligence artificielle et art.

Comment est venu ton intérêt pour le génie ?

C’est lors de mes études en sciences, lettres et arts au collège Lionel-Groulx que j’ai entendu parler du génie. On m’a aussi encouragée à postuler pour une bourse de 100 000 $ du nom de Schulich Leader, vouée à soutenir les scientifiques de demain dans la poursuite de leurs études universitaires. Je l’ai obtenue en raison de mes résultats scolaires et de mon engagement à différentes réalisations. Je suis une autodidacte en programmation, en dessin et en modélisation 3D. J’ai organisé une exposition d’œuvres numériques personnelles afin de sensibiliser ma communauté au rôle que peuvent jouer les arts et les sciences dans le progrès de la société. Au début, je m’étais inscrite en génie informatique, mais j’ai changé pour le génie logiciel à Polytechnique Montréal. Je trouve le défi plus grand et cela est plus orienté vers mes intérêts pour l’analyse et la conception de logiciels. J’aime la multidisciplinarité qu’on y retrouve et le fait que cela allie l’innovation et le travail d’équipe.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Victoria-Mae Carrière

Quel est l’objectif d’AyudART ?

AyudART signifie « aider l’art ». Mon idée était de créer un outil utilisant l’intelligence artificielle qui ne remplace pas la créativité humaine, mais qui puisse faciliter les étapes fastidieuses de création. Dans le domaine de la bande dessinée, du manga et même de l’animation 2D, l’artiste doit repasser à la main toutes les lignes de son dessin, qui est encore à l’étape d’un brouillon, afin que celui-ci devienne irréprochable. C’est ce que l’on nomme l’étape de l’encrage. J’ai donc créé un logiciel de A à Z qui s’occupe de cette tâche. C’est un peu l’équivalent de donner son esquisse à un assistant qui va s’occuper d’une tâche répétitive.

Quelle a été ta source de motivation pour concevoir un tel logiciel ?

Je suis moi-même une dessinatrice de mangas et j’ai beaucoup de collègues qui œuvrent dans ce domaine. Je n’apprécie pas du tout l’étape de l’encrage parce que cela représente au moins 50 % du temps consacré à une esquisse et cela me cause des douleurs à la main. Selon les estimations, un tel produit est susceptible de rejoindre 80 000 artistes canadiens. Pour moi, l’art et la science peuvent être totalement compatibles, on a juste à penser à Léonard de Vinci.

À quelle étape de développement est rendue ton entreprise ?

L’été dernier, mon parcours avec Propolys m’a énormément aidée. Il s’agissait d’un stage obligatoire à travers lequel on met les bases d’entreprendre pendant ses études. J’ai eu de bons mentors, soit les professeurs François Guilbault et Caroline Bazinet. Aujourd’hui, le modèle fonctionne. Toutefois, je suis une personne assez perfectionniste, il est donc encore en phase de développement. J’y vais une étape à la fois et j’y consacre une dizaine d’heures par semaine. Je prévois d’ici un an être sur le point de le commercialiser. Il pourrait même être élargi à d’autres secteurs comme le design graphique.

Qu’envisages-tu pour l’avenir ?

Il est certain que je veux ma propre entreprise et poursuivre AyudART. Je compte aussi continuer mes études et je vise minimalement la maîtrise. Je suis assez ouverte aux occasions. Le génie est un domaine d’innovation, de travail d’équipe, et je veux y laisser ma marque.