Ginette Maillé est chef de la direction financière d’Aéroports de Montréal. Un mandat colossal… en temps normal. Depuis que la crise de la COVID-19 a bouleversé les activités aéronautiques, elle travaille d’arrache-pied pour concrétiser son plan d’urgence. Parmi ses défis : trouver d’importantes sources de liquidités, sans perdre de vue ses centaines d’employés.

La gestionnaire affirme sans détour que ses collègues et elle travaillent comme des fous. « Nous avons fait des semaines d’environ 80 heures avec un grand sentiment d’urgence et de résilience, explique-t-elle. Nous y pensons sept jours sur sept. Alors, c’est certain que j’ai plus de difficulté à m’endormir… »

Habituellement, son travail se divise en trois pôles. Les finances : processus budgétaire, gestion des revenus, financement, relations avec les agences de crédit et les marchés de capitaux ; la stratégie et les données relatives au trafic aérien ; et l’approvisionnement : achats de biens, de matériaux et d’équipements. Bref, elle planifie et gère les ressources financières et matérielles d’Aéroports de Montréal.

Des défis qui se sont amplifiés durant cette crise imprévisible.

« On avait beaucoup réfléchi à des situations de terrorisme ou de cyberattaque, mais pas à une pandémie en particulier. Même s’il y avait eu la H1N1 il y a quelques années, c’était d’une envergure différente. »

— Ginette Maillé, chef de la direction financière d’Aéroports de Montréal

Selon elle, la première chose à faire en temps de crise est d’évaluer ses impacts. « Mon objectif est de maximiser les liquidités pour passer à travers la crise. Nous devons réduire nos projets au minimum pour avoir le maximum d’argent pendant au moins 18 mois. » Avec ses collaborateurs, elle a choisi de conserver les grands projets pratiquement terminés, ceux pour lesquels l’organisation devrait payer des pénalités trop grandes, ainsi que les projets de sécurité.

Privée des revenus aéronautiques, des commerces et des frais de stationnement, Aéroports de Montréal prévoit des pertes d’environ 250 millions de dollars. Le report de certains projets de construction permet à l’organisation de diminuer son budget d’investissement de 45 %. Toutefois, elle a choisi d’aller plus loin. « Les aéroports canadiens ont combiné leurs efforts pour négocier l’exemption de paiement des baux fonciers jusqu’à la fin de l’année 2020. »

Il fallait ensuite considérer le personnel. « On a peut-être pris plus de temps que d’autres entreprises pour nous positionner, alors ça nous a permis de prendre une décision en sachant que des subventions salariales étaient disponibles », explique Ginette Maillé.

Employés et direction

Près du tiers de son personnel, jugé non essentiel, pourra obtenir la subvention d’urgence du gouvernement fédéral. Pour le reste, aucune mise à pied n’est prévue. « Aéroports de Montréal a beaucoup investi pour avoir une forte mobilisation, alors quand on a appris l’existence des subventions, on a voulu garder le lien d’emploi et réduire les risques de perdre nos acquis. »

Les membres de la haute direction participent eux aussi aux efforts de crise en acceptant une réduction de 20 % de leur salaire, alors que ceux de la direction doivent composer avec une coupe de 10 %. « Afin de démontrer qu’on travaille en équipe, on a suggéré des réductions salariales pour tous. Cette mesure a été reçue très positivement. Même si certains sont moins occupés que d’autres présentement, selon la nature de leur travail, ils le seront probablement au retour. Les phases de la crise sollicitent différentes personnes. »

Après la réduction des activités, la recherche de nouveau financement et des renégociations de contrats, viendra le plan de relance. « La beauté des aéroports, c’est qu’on ne travaille pas en vase clos. Au Canada, les compagnies aériennes vont prendre des décisions en termes de destinations, selon les levées de restrictions du gouvernement fédéral dans certains pays. Notre groupe opérationnel va se pencher sur la gestion des douanes et des points de fouilles. Il y aura certainement de nouvelles mesures sécuritaires. »

Les besoins de personnel iront donc en fonction des besoins. « Dans notre modèle, on a des employés et de l’impartition [sous-traitance]. Peut-être qu’on privilégiera nos employés, mais il est un peu tôt pour en parler. »

Le parcours de Ginette Maillé

Comptable professionnelle agréée, Ginette Maillé détient un baccalauréat en sciences comptables de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Pages Jaunes – vice-présidente comptabilité et administration, chef des finances Elle a œuvré pour cette entreprise pendant 14 ans.

Telesystem – vice-présidente finances Elle a travaillé pour cette entreprise durant six ans.