Les locataires canadiens qui rêvent de devenir propriétaires doivent prendre leur mal en patience. Selon une récente étude, les produits sont soit trop chers, comme en Ontario, soit indisponibles, comme au Québec.

En fait, c’est seulement dans les Prairies canadiennes que les locataires qui aspirent au statut de propriétaire ont à la fois les moyens d’acquérir une maison d’entrée de gamme et un certain choix de produits abordables offerts à la revente.

Au Canada, les locataires n’ont tout simplement pas les moyens d’acheter une propriété d’entrée de gamme dans 36 des 50 villes étudiées, selon Point2, un portail de recherche immobilière appartenant à Yardi Systems, entreprise de logiciels comptant 8500 employés.

Il a été impossible de parler avec l’autrice de l’étude, Andra Hopulelen, chez Point2, qui n’acceptait que les questions écrites.

Point2 est liée à Point2Homes, une agence immobilière présente en particulier dans le Canada atlantique, indique Pierre Leduc, responsable des médias à l’Association canadienne de l’immobilier.

À Vancouver, à Toronto, à Richmond, ainsi que dans 11 autres villes ontariennes, les locataires disposent de moins de 60 % du revenu requis pour se payer une première propriété.

Les calculs ont été faits sur la base d’un taux d’effort équivalent à 30 % du revenu du ménage locataire, d’une mise de fonds correspondant à 20 % du prix d’achat et d’une hypothèque à taux fixe de 5,75 % amortie sur 25 ans.

Le prix d’une propriété de premiers acheteurs a été fixé à 50 % de la valeur de l’indice des prix des propriétés MLS (IPP MLS) d’avril 2023 de l’Association canadienne de l’immobilier pour les villes analysées. Au Québec, en l’absence d’un indice semblable, Point2 s’est servi du prix médian MLS en faisant une pondération entre les catégories maisons et condos en fonction de leur importance relative.

Selon Point2, les locataires québécois disposent généralement des moyens financiers pour acquérir une première propriété. C’est le cas de 8 des 10 villes de la province à l’étude. Montréal et, dans une moindre mesure, Gatineau sont les exceptions.

Cela dit, ce n’est pas plus simple pour les premiers acheteurs au Québec, puisqu’il manque de produits à vendre dans les gammes de prix les moins chères.

Point2 a identifié 13 villes canadiennes pour lesquelles la part des logements abordables représente au moins 10 % des propriétés offertes à la revente. C’est le cas dans 13 des 50 marchés à l’étude, mais aucun ne se trouve au Québec.

« La part des logements d’entrée de gamme frôle les 3 % dans deux grandes villes (Québec et Terrebonne), tandis que les 8 autres villes affichent des parts de 1 % et 2 % seulement », écrit le média spécialisé.

Manque de fournitures

Sur le site Centris.ca, on trouve 69 propriétés à vendre à moins de 160 000 $ dans la région de Québec, des studios et des condos essentiellement.

À Terrebonne, seules 9 propriétés affichent un prix inférieur à 225 000 $ sur 300 propriétés à vendre. Les produits abordables sont presque uniquement des maisons mobiles.

« Dans la région de Québec en 2018, on trouvait une moyenne de 670 maisons à vendre à un prix inférieur à 200 000 $. Cela représentait 14 % de toutes les maisons à vendre. En 2022, on ne trouvait plus que 64 maisons dans cette gamme de prix en moyenne sur l’ensemble de l’année, pour une part de marché de 4 % seulement », indique Stéphanie Lapierre, économiste principale de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).

À l’été 2023, ce sont les Prairies qui constituent le meilleur endroit au pays pour accéder à la propriété, selon l’étude de Point2. À Calgary, Edmonton, Saskatoon, Regina et Winnipeg, les locataires ont les moyens d’acquérir une propriété d’entrée de gamme et celles offertes sur le marché représentent au moins 10 % de l’ensemble des propriétés à vendre en ce moment.