Alors qu’elle étudiait en génie mécanique à l’Université Queens, Marie Pier Germain s’est dit qu’un jour, peut-être, sa formation pourrait lui servir dans le développement des hôtels, si elle décidait d’intégrer l’entreprise familiale.

Le lien ne s’est pas fait directement après ses études.

Mais dans son subconscient, il y avait un élastique, image-t-elle.

« Aujourd’hui, la mécanique du bâtiment fait partie de ce qu’on fait. Quand on opère des hôtels, comprendre comment les systèmes fonctionnent, ça aide beaucoup, dit Marie Pier Germain. Le design, l’environnement, créer un espace qui doit être ergonomique, qui ait du sens, qui soit accueillant. »

Elle n’est pas la seule à avoir intégré le giron familial : son cousin Hugo, ses cousines Laurie et Clarah font aussi partie de l’équipe.

Un choix naturel

Pourtant, les enfants n’ont jamais senti de pression de la part de leurs parents. « Ça n’a jamais été une obligation ou un devoir. À la limite, on s’est parfois demandé s’ils voulaient qu’on soit là ! confie la gestionnaire, en riant un peu, quand même. Ils ne voulaient tellement pas nous imposer nos choix de carrière. »

Officiellement, la mère et la fille travaillent donc ensemble depuis presque 20 ans.

Et elles travaillent beaucoup, en plus d’avoir des projets personnels (Christiane est de retour à l’émission Dans l’œil du dragon, pour la sixième saison) et d’être très impliquées dans différentes organisations (Marie Pier est vice-présidente du Conseil des arts du Canada, membre du conseil d’administration de l’Association des hôtels du Grand Montréal et de celui de Tourisme Montréal).

« Je m’entends des fois lui dire de ralentir un peu », confie Christiane Germain.

« Marie Pier a trois enfants. Elle travaille fort. J’ai travaillé fort et je l’ai barouettée dans tout ça », poursuit-elle, comme aussi une réflexion à elle-même.

À ses côtés, sa fille demande : « Serais-tu où tu es aujourd’hui si tu n’en avais pas fait autant ? »

« C’est difficile à dire, Marie Pier », répond très doucement Christiane Germain.

« Il y a des choses que j’ai faites parce que je me croyais dans l’obligation de tout faire, poursuit-elle. Ce n’est pas nécessaire. Faisons des choix. Il y a des façons de travailler aujourd’hui qui font qu’on peut être beaucoup plus efficace. Ça, moi, je ne l’avais pas du tout. Je faisais tout. »

« Probablement que ça m’a permis de faire ma place, tu as raison, mais je ne suis pas certaine que c’était nécessaire de tout faire ça. »

Christiane Germain, à propos de l’intégration de la relève en entreprise familiale

Élever un enfant, ça ne vient pas avec un manuel d’instructions. Tu y vas de ton mieux, au meilleur de ta connaissance. Avec beaucoup d’amour, de patience. Ce passage-là [l’intégration de la relève dans l’entreprise] ne vient pas avec un manuel d’instructions non plus. C’est la même chose. C’est ton entreprise. C’est ce que tu as de plus important dans ta vie. Tu l’as bâtie, pas seule, mais ça reste ton entreprise. Et c’est ton enfant, tes enfants. C’est encore ce qu’il y a de plus important dans ta vie.

Christiane Germain

Marie Pier Germain, à propos de la pandémie et des femmes qui font davantage de télétravail

Il y a un impact réel quand on ne te voit pas, tu manques des occasions. Quand tu es moins visible, c’est difficile de bâtir un réseau. Entre 25 et 35 ans, c’est l’âge où tu arrives dans le marché du travail. Le réseau se bâtit. Tu apprends des autres, tu vois comment ils font. Ce sont des choses que tu ne peux pas apprendre seule chez toi. Comment tu compenses ? Je me pose vraiment la question.

Marie Pier Germain

Germain Hôtels, c’est…

• Société fondée par Christiane Germain et Jean-Yves Germain

• Le premier hôtel, le Germain-des-Prés, a été ouvert à Sainte-Foy en 1988. Il est toujours au même endroit, sous l’enseigne Alt.

• 1500 employés – dont la moitié sont des femmes (51 %)

• 19 hôtels au Canada, sous trois enseignes