Même si les Canadiens rêvent d'une retraite sans dette, un sondage de la Financière Manuvie suggère que près de 20 % des propriétaires de maisons s'attendent à devoir utiliser la valeur de leur habitation pour financer leur vie après le travail.

Selon l'enquête réalisée en ligne pour la société de services financiers, environ la moitié des 2373 répondants s'attendent à toujours avoir une dette au moment de leur retraite.

Quelque 10 % des personnes interrogées ont l'intention d'emprunter sur la valeur de leur habitation actuelle, tandis qu'environ huit pour cent prévoient déménager dans une plus petite propriété pour utiliser l'excédent de la vente de leur habitation comme revenu de retraite.

Le recours à la valeur d'une habitation comme «source de fonds pour leur revenu de retraite» permet de croire que certains Canadiens ont de la difficulté à concilier l'épargne-retraite et le remboursement des dettes, a noté lors d'un entretien le président et chef de la direction de la Banque Manuvie du Canada, Rick Lunny.

Le sondage de Manuvie a en outre mis en évidence le fait que plusieurs Canadiens éprouvent toujours des difficultés avec la littératie financière. Par exemple, un répondant sur quatre ne considérait pas qu'une hypothèque ou qu'un prêt automobile faisaient partie de sa dette.

Les répondants les plus âgés étaient moins confiants vis-à-vis de leurs objectifs de retraite et environ la moitié d'entre eux continuaient à travailler à temps plein ou à temps partiel pour réduire leur dette, précise le rapport de Manuvie.

Les résultats au sondage de la société de services financiers surviennent après des années d'avertissements de la part de la Banque du Canada et du ministère fédéral des Finances à l'effet que les Canadiens accumulent de trop importantes dettes.

À ces avertissements s'ajoutent la possibilité que le marché immobilier canadien soit surévalué, la probabilité que les taux d'intérêt soient appelés à grimper ces prochaines années, et plusieurs niveaux de risque qui pourraient se glisser dans l'équation financière.

«Les Canadiens se sont laissé gagner par ce faux sentiment de sécurité parce qu'ils paient trois pour cent ou moins sur leur hypothèque, mais cela pourrait changer très rapidement», a prévenu M. Lunny.

«Les gens n'ont pas la mémoire longue et si leur seul point de comparaison est la période des cinq dernières années ou à peu près, depuis la crise financière, ils feraient mieux de se préparer.»

Les problèmes de dettes ne sont rien de neuf pour les Canadiens, ni d'ailleurs les sondages qui concluent que la plupart des gens n'économisent pas de façon appropriée pour leur avenir.

Le mois dernier, une enquête de TD Assurance dévoilait que 39 pour cent des Canadiens éprouveraient des difficultés financières s'ils étaient forcés de cesser de travailler en raison d'une maladie soudaine. Cette proportion grimpait à 44 pour cent pour les répondants âgés de moins de 35 ans.

Mais profiter de son patrimoine immobilier à sa retraite n'est pas nécessairement une mauvaise idée, a cependant noté Thomad Davidoff, professeur adjoint à la Sauder School of Business, à Vancouver.

«Ce qui, je crois, serait possiblement fou, serait de vivre une maigre retraite et de ne pas avoir puisé dans un énorme actif», a-t-il fait valoir. «Cela dépend vraiment de l'importance que vous accordez à la richesse laissée à vos héritiers et de votre tolérance aux dépenses surprises.»

Emprunter sur la valeur d'une maison est un meilleur choix que de se tourner vers des cartes de crédit à forts taux d'intérêt, a-t-il ajouté.

«Je me fous de ce que les taux font, ce n'est jamais plus dispendieux d'avoir une dette sur une marge de crédit hypothécaire ou sur un prêt hypothécaire inversé.»

Le sondage en ligne, réalisé par l'agence de collecte de données Research House, a été réalisé du 8 au 19 septembre auprès de propriétaires canadiens âgés de 20 à 59 ans, dans des ménages aux revenus annuels d'au moins 50 000 $.

Selon l'Association de la recherche et de l'intelligence marketing, qui représente l'industrie du sondage, on ne peut calculer la marge d'erreur des sondages en ligne puisque leur échantillon n'est pas aléatoire et, par conséquent, pas représentatif de la population générale.