Comment l'Europe s'en tirera-t-elle?

Les PIIGS (Portugal, Irlande, Italie, Grèce et Espagne) n'ont pas fini de digérer leurs dettes. «Ça ne se réglera pas si vite. Le processus sera long et difficile», dit Nadim Rizk, vice-président principal et gestionnaire d'actions étrangères chez Fiera Capital.

«Quand tu veux rembourser tes dettes, ça veut dire que tu consommes moins. Quand tu consommes moins, ça veut dire qu'il y a moins de croissance économique. Et si tu augmentes les impôts pour réduire ton déficit, ça veut dire encore moins de croissance économique», résume-t-il.

Il est vrai que l'Europe vient de lancer une bouée de sauvetage de 750 milliards d'euros aux pays en difficulté. «Mais si la population n'accepte pas les mesures d'austérité, les plans d'aide ne réussiront qu'à combattre les spéculateurs durant un certain temps», dit Denis Durand, associé principal chez Jarislowsky Fraser.

Ceci dit, les pays d'Europe qui sont en meilleure santé profiteront par la bande des mesures de relance. «L'Allemagne, la France et les Pays-Bas, d'où émane la moitié de la croissance économique européenne, vont profiter des conditions monétaires explosives, sans avoir à faire de réformes», dit Martin Roberge, stratège quantitatif chez Valeurs mobilières Dundee.

Est-ce que l'Europe freinera l'économie mondiale?

La croissance économique de l'Europe se limitera à 1% cette année, et à 1,5% en 2011, selon le Fonds monétaire international (FMI). «Mais il y a peu de risque que cela fasse dérailler la reprise économique mondiale», croit M. Roberge.

L'Europe forme seulement 15% de l'économie mondiale, à peine un peu plus que la Chine (13%). L'économie mondiale devrait avancer de 4,2% en 2010, dont un maigre 0,1% proviendra de l'Europe. Sa contribution à la croissance mondiale se limitera donc à 2% l'an prochain. Un contraste frappant par rapport à la Chine (21%) qui sera le plus important contributeur à la croissance mondiale (voir graphique).

Les problèmes de l'Europe déteindront-ils sur l'Amérique du Nord?

L'économie américaine reprend de la vitesse: le secteur manufacturier a repris son envol et la consommation a récupéré tout le terrain perdu durant la récession. Et ce ne sont pas les déboires de l'Europe qui vont l'arrêter, estime Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale.

C'est que l'Europe n'est plus un client aussi important qu'avant pour les exportateurs américains. La zone euro a longtemps été le deuxième plus grand acheteur de produits «Made in US» derrière le Canada. Mais elle vient de céder sa place à la Chine et aux nouveaux pays industrialisés, souligne M. Desnoyers.

Comment les Bourses seront-elles touchées?

«La Bourse américaine est plus exposée à l'Europe que l'économie américaine», indique M. Desnoyers. En effet, les 500 plus grandes sociétés américaines qui composent l'indice S&P500 tirent presque la moitié (48%) de leurs revenus de l'étranger, dont presque la moitié (45%) de l'Europe. Ainsi, plus que 20% des revenus totaux des multinationales américaines sont vulnérables à l'Europe.

L'Europe évitera peut-être une nouvelle récession, comme le pensent certains économistes. Par contre, la chute de l'euro dégonflera à coup sûr les revenus des sociétés américaines actives en sol européen, note M. Desnoyers.

Est-ce que la prochaine tuile viendra de la Chine?

Nouvelle locomotive de la croissance économique mondiale, la Chine demeure un facteur de risque majeur pour les investisseurs. «La Chine se débat avec un niveau de crédit excessif et une inflation des prix dans l'immobilier», note M. Roberge. Le pays doit rééquilibrer son économie. La situation est à surveiller de près. «Mais je ne pense pas qu'il y ait un risque dans le secteur bancaire chinois si grand qu'il ne puisse être épongé par les formidables réserves dont le pays dispose», dit Stéfane Marion, économiste en chef à la FBN.