L’actionnaire menant la bataille pour ramener le fondateur de Gildan aux commandes du fabricant montréalais de vêtements soutient que le processus de vente lancé par l’entreprise prouve la nécessité de reconstituer le conseil d’administration.

« On ne peut en aucun cas faire confiance au conseil d’administration actuel pour superviser un processus de vente », a déclaré la firme d’investissement américaine Browning West, au lendemain de la confirmation par Gildan que des pourparlers sont tenus avec des acquéreurs potentiels.

Gildan a annoncé mardi avoir formé un comité spécial qui a pris contact de façon ciblée avec un petit nombre de contreparties potentielles.

Ce développement survient trois mois après le congédiement surprise du cofondateur de Gildan, Glenn Chamandy, qui dirigeait l’entreprise depuis 20 ans. Son départ justifié par des questions de succession et de stratégie a plongé Gildan dans une lutte de pouvoir opposant le conseil d’administration à un groupe d’actionnaires institutionnels en désaccord avec le licenciement de Glenn Chamandy.

Browning West, qui détient une participation approximative de 5 % dans Gildan, se dit préoccupé par le fait que le conseil d’administration a entamé un processus de vente afin « d’éviter de rendre des comptes, suite au soutien continu et croissant des appels de Browning West pour une reconstitution significative du conseil ».

« Depuis le début de notre campagne, nous avons maintenu que Gildan est une entreprise de haute qualité avec une capacité de gain latente importante et un fort potentiel de création de valeur sous le bon conseil d’administration et la bonne direction », précise Browning West.

L’investisseur institutionnel ajoute que selon les commentaires spontanés reçus de la part d’autres actionnaires de Gildan, ces derniers seraient consternés par la rumeur d’un prix de 42 $ US par action indiqué par un acheteur potentiel, « ce qui ne représente en fait aucune prime ».

« Pour replacer ce faible prix dans son contexte, si Glenn Chamandy n’avait pas été licencié et que l’action avait simplement évolué en ligne avec l’indice le plus pertinent, elle vaudrait aujourd’hui environ 42 $ US par action. Le titre remontera au moins à ce niveau après l’élection de notre équipe expérimentée et crédible en mai, et il pourrait valoir des multiples de ce niveau à long terme. »

Browning West qualifie le processus de vente de « réactionnaire » et affirme qu’une reconstitution significative du conseil d’administration s’impose immédiatement, avant même l’assemblée annuelle prévue le 28 mai.

Browning West a proposé cet hiver de faire élire huit nouveaux membres au conseil d’administration lors de l’assemblée des actionnaires.

Les noms de plusieurs acquéreurs potentiels circulent, comme la firme privée d’investissement Sycamore Partners et le conglomérat américain Berkshire Hathaway, qui détient notamment Fruit of the Loom.

La firme d’investissement Clayton Dubilier & Rice, qui possède le distributeur de vêtements de sport S & S Activewear, pourrait aussi montrer de l’intérêt, selon l’analyste Martin Landry, de la firme Stifel/GMP.

L’analyste Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, estime que Gildan peut valoir un prix se situant dans une fourchette de 43 à 50 $ US (ou de 58 $ à 68 $ CAN) pour un acquéreur.

Gildan est verticalement intégrée et conviendrait parfaitement à toute entreprise possédant des marques de vêtements de base et des infrastructures obsolètes, croit l’analyste Mark Petrie, de la CIBC.

En outre, dit-il, les marges bénéficiaires, le niveau d’endettement modeste et les flux de trésorerie robustes sont attrayants pour des firmes privées d’investissement.

« Gildan est largement reconnu comme le producteur à faible coût de vêtements de base et a tiré parti de cette force pour acquérir une forte part de marché dans plusieurs catégories de produits. »