L'Oréal a de nouveau souffert au deuxième trimestre de l'impact négatif des changes et d'un marché européen atone, mais s'est maintenu à flot grâce à l'Asie et à ses deux divisions motrices, celles du luxe et de la dermo-cosmétique.

Les ventes du numéro un mondial des cosmétiques ont totalisé 6,6 milliards d'euros sur la période, en hausse de 0,7% sur un an, ou de 6,3% à données comparables (à taux de change et périmètre constants), selon un communiqué.

Ce total est très légèrement inférieur aux attentes du consensus d'analystes de l'agence financière Factset. Le consensus prévoyait en effet de meilleures performances des divisions «Produits Grand Public» et «Produits professionnels».

Les ventes dans la première de ces divisions, la principale du groupe et dont les produits sont destinés à la grande distribution, se sont élevées à 3 milliards d'euros entre avril et fin juin, soit un recul de 3% à données publiées (+2,3% à données comparables).

Cette division «continue à rencontrer des difficultés en France sur un marché négatif ainsi qu'au Brésil, et connaît un tassement au Royaume-Uni», a expliqué le groupe dans son communiqué.

«Le marché français reste l'un des plus atones dans le monde» dans le secteur des cosmétiques, a déclaré le PDG de L'Oréal, Jean-Paul Agon, dans un entretien à l'AFP.

Pourquoi ? «C'est un mélange d'un moral qui tarde à repartir, de conditions économiques qui n'ont pas encore complètement changé par rapport aux années précédentes», a-t-il estimé.

«Croissance exceptionnelle» en Asie

M. Agon s'est dit malgré tout «assez confiant» quant à une légère reprise du marché français, tôt ou tard: «Cela fait partie des éléments de confiance sur le restant de l'année et des années futures».

À l'inverse, les ventes des divisions L'Oréal Luxe et Cosmétique Active sont toujours en pleine forme: la première, qui regroupe les marques haut de gamme du groupe (telles Lancôme, Giorgio Armani, Kiehl's...) a vu son chiffre d'affaires grimper de 7,4% d'avril à fin juin (+13% à données comparables, à près de 2,14 milliards d'euros.

Et les ventes de la seconde, regroupant des marques spécialisées dans le soin de la peau (Vichy, La Roche-Posay, SkinCeuticals ou encore CeRave), ont nettement dépassé les attentes des analystes en augmentant de 7,7%, ou de 12,9% à données comparables sur le trimestre écoulé.

Ce premier semestre «est l'un des plus contrastés que j'ai connus», a déclaré à l'AFP M. Agon, tant sur le plan des divisions qu'au niveau des zones géographiques.

Le PDG a notamment salué des «croissances exceptionnelles» en Asie-Pacifique et en particulier en Chine, par rapport à un marché européen «vraiment atone» et un marché nord-américain en amélioration graduelle.

Nouvelle rentabilité record en vue

Mais «la grande force de L'Oréal, c'est d'être particulièrement approprié à ces périodes» grâce à sa présence dans toutes les zones géographiques, catégories de produits et circuits de distribution, ce qui lui «permet d'absorber les chocs, de profiter des zones d'opportunités tout en compensant les zones de faiblesse», a-t-il souligné.

Sur l'ensemble du premier semestre, les ventes totales du groupe ont atteint 13,39 milliards d'euros, en repli de 0,2% à données publiées mais en hausse de 6,6% à données comparables.

Et son bénéfice net semestriel s'est fortement amélioré (+11,7% sur un an), à 2,27 milliards d'euros, tout comme sa marge d'exploitation, à 19,2% du chiffre d'affaires, après 18% sur l'exercice 2017, ce qui était déjà une rentabilité record pour le groupe.

L'Oréal compte de nouveau améliorer sa rentabilité cette année et vise une croissance de son chiffre d'affaires à données comparables «significativement supérieure» à celle du marché mondial de la cosmétique, laquelle devrait s'établir autour de 5%, a précisé M. Agon.

Durant le trimestre écoulé, L'Oréal a fait notamment l'acquisition de Stylenanda, sa première marque de cosmétiques sud-coréenne, et a rajouté la griffe italienne Valentino à son escarcelle déjà riche de marques de vêtements déclinées en parfums et autres produits de beauté sur le segment haut de gamme.