Le projet d'ajouter un nouveau terminal à Montréal-Trudeau se réalisera plus vite que prévu si Aéroports de Montréal (ADM) parvient à trouver les 2 milliards nécessaires à sa construction.

Le besoin devient en effet de plus en plus pressant et le projet devrait se faire plus tôt que tard, estime le président-directeur général d'ADM, Philippe Rainville.

« Autant sur le plan des affaires que du point de vue touristique, Montréal est très populaire, et ça nous amène, malgré la prudence du comptable qui me caractérise, à penser à une expansion de l'aéroport », a indiqué M. Rainville, de passage à La Presse en compagnie d'autres acteurs économiques montréalais pour faire le point sur l'état de santé de la métropole.

M. Rainville a levé le voile, le 30 avril dernier, sur un premier plan d'expansion touchant le « côté ville » de l'aéroport : agrandissement du débarcadère, refonte du stationnement étagé avec ajout d'un toit vert, construction d'une gare pour le REM, etc.

Ce projet d'un budget de 2,5 milliards de dollars n'incluait pas la construction d'un nouveau terminal de 2 milliards additionnels, même si M. Rainville l'avait évoquée et que ledit terminal figurait sur certaines esquisses présentées à ce moment.

Depuis, la forte hausse de fréquentation observée l'an dernier (9,5 %) se maintient. Le nombre de passagers a encore progressé de 7 % pour les six premiers mois de l'année et le mois d'août qui vient de s'achever, le plus fort de l'année, a lui aussi vu une progression de plus de 6 %, selon le gestionnaire. « Et il n'y a rien à l'horizon qui nous laisse entrevoir un ralentissement. »

« Ce n'était pas prévu, on pensait attendre encore au moins 24 mois avant de commencer à faire les plans de l'extension de l'aérogare, mais on va commencer à faire les plans en 2019 », a indiqué M. Rainville.

FINANCEMENT À TROUVER

Cet agrandissement « va coûter tout près de 2 milliards », estime M. Rainville, ce qui cause des problèmes à Aéroports de Montréal, qui doit normalement s'autofinancer, selon la loi.

« On a tellement de croissance que je ne suis pas capable de faire les 2,5 milliards que j'ai annoncés en avril et de faire l'agrandissement de l'aérogare. Je suis comme une PME qui a un problème de liquidités. Je vais avoir besoin d'aide. »

- Philippe Rainville

Déjà, en avril dernier, M. Rainville avait évoqué une demande à Ottawa pour lui permettre d'ouvrir le capital de l'organisme. Hier, il a fait allusion à la campagne électorale fédérale de 2019, pendant laquelle il compte soulever l'enjeu si nécessaire.

« Ça tombe bien, c'est une année électorale. On va demander de l'aide, comme on n'a jamais fait dans notre histoire. On ne demandera pas de subvention, on va demander de l'aide pour être capables de se financer pendant au moins une décennie, de façon intelligente. Il faut entamer cette discussion dans la prochaine année. »

Au plus fort de la pointe, cet été, jusqu'à 12 vols par jour devaient procéder à un embarquement à partir du tarmac, avec l'aide des célèbres transbordeurs récupérés de l'aéroport de Mirabel, indique M. Rainville.

« Ce ne sera pas long avant qu'on doive s'en servir pour des vols en hiver, à - 30°, et nous aurons des plaintes des citoyens. Il faut sept ans pour bâtir une aérogare. Si on ne commence pas en 2019, je vais arriver en 2025 et, plutôt que 20 millions de passagers comme actuellement, je serai à 25 millions. »