Il faudra beaucoup plus de temps que prévu à Transat A.T. pour mettre sur pied sa propre chaîne hôtelière dans le Sud, ce qui, pour l'instant, est accueilli favorablement par les actionnaires du voyagiste québécois.

Après plusieurs mois de négociations, l'entreprise a finalement décidé de vendre sa participation minoritaire dans Ocean Hotels - qui possède des établissements au Mexique et en République dominicaine, en plus d'en gérer quatre autres à Cuba - à son partenaire espagnol H10 pour 190 millions $.

L'exploitant du transporteur Air Transat ambitionnait initialement de racheter les 65 % de H10, mais ce scénario ne s'est finalement pas concrétisé.

«Dans ce dossier, le prix était important et H10 voulait continuer à être présent dans les Caraïbes», a expliqué mercredi le chef de la direction financière de Transat A.T., Denis Pétrin, au cours d'un entretien téléphonique.

Celui-ci assure ne pas être déçu du dénouement, affirmant qu'il était préférable pour l'entreprise de faire cavalier seul pour bâtir sa chaîne hôtelière dans des destinations soleil prisées par les Québécois.

Les actionnaires ont été encouragés par la nouvelle, puisqu'à la Bourse de Toronto, le titre de Transat A.T. s'est envolé, se négociant temporairement à un sommet annuel de 7,28 $. L'action a finalement clôturé à 6,60 $, en hausse de 55 cents, ou 9,09 %.

N'empêche, cette transaction fait en sorte que le voyagiste devra faire preuve de patience, convient M. Pétrin.

«À moyen terme, dans environ cinq ans, nous souhaitons avoir une dizaine d'hôtels, a-t-il dit. Certains seront achetés, d'autres rénovés dans les Caraïbes. Nous voulons également des établissements en gestion à Cuba.»

Transat A.T. dit avoir l'intention d'expliquer son plan en décembre. Certains éléments seront également dévoilés en septembre à l'occasion de la présentation des résultats du troisième trimestre.

Afin d'avoir les moyens de ses ambitions, le voyagiste avait également vendu l'an dernier ses filiales en France et en Grèce, ce qui lui avait permis de récolter environ 80 millions $.

Selon son chef de la direction financière, il est réaliste de s'attendre à ce que le projet de la société soit «vraiment démarré» dans les deux prochaines années.

«La clôture de la transaction est prévue en novembre, a précisé M. Pétrin. Ce n'est pas réaliste de dire que nous aurons un projet en branle dans quatre ou cinq mois.»

Mona Nazir, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, a estimé que Transat A.T. avait reçu une somme intéressante pour sa participation de 35 % dans Ocean Hotel.

Dans une note envoyée par courriel, l'analyste estime toutefois que cette transaction fait grimper le niveau d'incertitude quant aux intentions du voyagiste, qui, selon ses calculs, a environ 450 millions $ à sa disposition.

Selon Mme Nazir, les 10 millions $ US payés par Transat A.T. pour acquérir une participation dans un hôtel situé sur la côte Pacifique, à Puerto Vallarta, pourraient servir de modèle de transaction dans le cadre de sa stratégie future.

«Bien qu'il y ait eu de la spéculation à l'effet que la compagnie pourrait faire l'objet d'une offre d'achat (...) nous croyons que cette vente pourrait alimenter les rumeurs», fait-elle également valoir dans son rapport.

Transat A.T. ambitionne toujours de mettre le pied aux États-Unis en achetant des réseaux de distribution étant donné qu'il s'agit d'un marché complémentaire. Les Américains vont principalement dans le Sud au cours de l'été, contrairement aux Canadiens, qui préfèrent se rendre dans les destinations soleil pendant l'hiver.

Cela continue toutefois de figurer au deuxième rang des priorités de l'entreprise, a précisé M. Pétrin.

Fondée il y a 30 ans, Transat A.T. compte quelque 5000 employés.