La grande patronne du géant américain Lockheed Martin, Marillyn Hewson, était à Ottawa hier dans l'espoir de convaincre le gouvernement Trudeau de donner une dernière chance au F-35 Lightning pour le remplacement des avions de chasse CF-18.

« Nous espérons poursuivre notre partenariat solide avec le Canada pendant plusieurs années encore », a affirmé Mme Hewson dans une allocution prononcée dans le cadre d'un sommet organisé par l'Association des industries aérospatiales du Canada.

La dirigeante a rappelé que depuis le lancement du programme du F-35, en 2001, plus de 110 entreprises canadiennes avaient participé à son développement, notamment pour des mandats de haute technologie et d'ingénierie de pointe.

« Aujourd'hui, on peut trouver des composants fabriqués au Canada dans tous les F-35 qui sont construits », a-t-elle précisé.

« L'industrie canadienne a reçu des contrats totalisant plus de 1 milliard US [de la part de Lockheed Martin] et je suis certaine que le F-35 apportera des bénéfices économiques pour les décennies à venir. »

Évoquant les 75 années de présence de Lockheed Martin au pays, Marillyn Hewson a relaté qu'au début de la Seconde Guerre mondiale, l'entreprise avait expédié ses avions Hudson au Royaume-Uni en passant par le Canada, puisque les États-Unis n'étaient pas encore engagés officiellement dans le conflit. Les Hudson sont aussi les tout premiers produits que Lockheed Martin a vendus au gouvernement canadien.

Multiples rencontres

Mme Hewson a profité de sa présence à Ottawa pour rendre visite aux quelque 200 employés des installations de Lockheed dans la capitale. Mais surtout, elle s'est rendue au parlement pour rencontrer des élus.

Le précédent gouvernement conservateur s'était engagé à acheter 65 F-35, mais il a reculé devant l'explosion des coûts de l'appareil. Depuis, Lockheed Martin tente de persuader Ottawa que le F-35 est le meilleur avion pour remplacer les CF-18 vieillissants.

Les observateurs de l'industrie s'attendent à ce que les libéraux lancent un appel d'offres dans ce dossier au cours des prochains mois. En campagne électorale, le premier ministre Justin Trudeau avait affirmé qu'il n'allait pas acheter de F-35, mais Lockheed fera tout pour ne pas être exclu du processus. Notons que le président désigné Donald Trump a lui aussi exprimé des réserves à l'égard du F-35.

En juin, le National Post a écrit qu'Ottawa s'apprêtait à commander des chasseurs Super Hornet de Boeing pour parer au plus urgent. Lockheed Martin a répliqué en menaçant d'annuler les contrats attribués à des entreprises canadiennes pour le F-35, qui se chiffraient alors à 825 millions US.

Mme Hewson a souligné hier qu'une dizaine de pays avaient choisi le F-35 jusqu'ici, dont les États-Unis, le Japon, le Danemark et la Corée du Sud.

Ce matin, ce sera au tour de Shelley Lavender, présidente de la division des avions militaires de Boeing, de s'adresser aux congressistes réunis à Ottawa.

Photo Kim Kyung-Hoon, Reuters

Marillyn Hewson, grande patronne du géant américain Lockheed Martin, a profité de son passage à Ottawa, hier, pour tenter de convaincre le gouvernement Trudeau de donner une dernière chance au F-35 Lightning pour le remplacement des avions de chasse CF-18.

L'industrie veut plus de flexibilité

Des dirigeants de l'industrie ont incité Ottawa à assumer une plus grande part des risques associés aux projets de recherche et développement en aérospatiale. Mike Greenley, de L-3 Wescam, et Marc St-Hilaire, de CAE, ont tous deux dit souhaiter que les entreprises du secteur aient accès non seulement à des prêts fédéraux, mais aussi à davantage de subventions. « Ce qu'on a vu au cours des 15 dernières années, c'est que le gouvernement fédéral veut prendre de moins en moins de risques à grande échelle en rendant tout remboursable », a noté M. St-Hilaire.

Refinancement chez Bombardier

Bombardier a lancé hier une vente d'obligations dont la valeur n'a pas été rendue publique pour refinancer une partie de sa dette, qui dépasse les 10 milliards US. Neuf banques internationales et la Banque Nationale seront chargées d'écouler les titres. Moody's a attribué une cote de B3 aux obligations, soit six crans en deçà du niveau minimal pour qu'un titre soit jugé de bonne qualité (investment grade). L'agence de notation a néanmoins estimé dans une note que l'émission allait permettre de renforcer les liquidités de l'entreprise à moyen terme.