L'assemblée des actionnaires de CAE a été un peu plus mouvementée que d'habitude hier : des militants pro-palestiniens s'y sont présentés pour demander des comptes au fabricant de simulateurs de vol sur ses affaires en Israël.

« Est-ce que CAE est prête à annuler tout contrat militaire direct ou indirect avec Israël pour éviter la désapprobation mondiale ? », a ainsi lancé John Philpot, un avocat qui est membre de BDS-Québec. L'organisme fait partie du mouvement international « Boycott, désinvestissement et sanctions », qui fait pression sur Israël dans le but d'obtenir la fin de l'occupation des terres arabes, l'égalité « complète » pour les citoyens arabes d'Israël et le respect du droit au retour des réfugiés palestiniens.

Les militants s'intéressent plus particulièrement au contrat que CAE a conclu en 2013 avec la firme israélienne Elbit Systems pour la conception et la fabrication de certains éléments de simulateurs pour l'avion d'entraînement M-346 de Leonardo.

« On vend nos produits et services en suivant les règles du gouvernement canadien. On les suit à la lettre et on en respecte l'esprit », a répondu le PDG de CAE, Marc Parent. BDS-Québec a sollicité une rencontre avec le dirigeant en mars, mais celui-ci n'a pas encore donné suite à la demande.

En réponse à une question de La Presse, M. Parent a indiqué qu'il ne pouvait pas dire si CAE avait obtenu des contrats de défense en Arabie saoudite en raison du secret militaire. Il y a quelques mois, le gouvernement de Justin Trudeau a suscité la controverse en autorisant l'exportation de chars d'assaut de General Dynamics dans ce pays accusé de réprimer violemment des dissidents.

Protéger la marque

Les ventes militaires de CAE se sont chiffrées à 970 millions l'an dernier, soit 40 % de ses revenus totaux. L'entreprise montréalaise est toutefois un nain dans ce secteur dominé par des géants comme Lockheed Martin, Northrop Grumann et BAE Systems. Ni Israël ni l'Arabie saoudite ne figurent parmi les pays où CAE a enregistré le plus de revenus l'an dernier.

Marc Parent a reconnu que des campagnes comme celle de BDS-Québec peuvent nuire à l'image de l'entreprise.

« N'importe quoi qui pourrait impacter la marque CAE, on va le prendre au sérieux parce que notre marque, c'est l'une des choses les plus importantes pour nous, c'est comment nous sommes perçus à travers le monde. »

Pas question toutefois de mettre fin aux contrats militaires en Israël, comme le réclame BDS-Québec. « On prend les décisions qui vont faire croître la valeur pour les actionnaires de la compagnie, a déclaré M. Parent. C'est ça, notre travail. Mais atteindre les plus hauts standards de responsabilité sociale, c'est clairement dans notre mire. C'est primordial. »