Le salon aéronautique de Farnborough a ouvert ses portes avec une première salve de commandes et des prévisions de marché à 20 ans revues à la hausse par Boeing et Airbus, portées par une croissance du trafic principalement en Asie et dans les pays émergents.

«En dépit des récents événements qui ont affecté les marchés financiers, le secteur de l'aviation va poursuivre sa croissance sur le long terme avec un doublement de la flotte d'avions commerciaux», a déclaré Randy Tinseth, vice-président du marketing de la division Boeing Aviation Commerciale.

Boeing évalue à 39 620 la demande d'avions neufs au cours des 20 prochaines années, un marché de 5 900 milliards de dollars, selon son étude de marché annuelle publiée pour la première fois lors du salon de Farnborough.

Airbus a confirmé ces prévisions dans sa propre étude, revoyant lui aussi à la hausse lundi sa prévision de croissance du marché aéronautique mondial pour les 20 prochaines années. Il évalue les besoins des compagnies a 33 000 nouveaux avions pour une valeur de 5200 milliards de dollars, et la croissance du trafic à 4,5%.

Les études diffèrent sur le périmètre, Boeing comptant les avions de ligne de plus de 30 sièges, tandis qu'Airbus ne compte que les plus de 100 sièges.

Premières salves de commandes

Comme pour souligner cette croissance ininterrompue, les deux géants ont ouvert le salon par des salves de commandes, alors que le début de l'année a marqué un retrait par rapport à la même période l'an dernier.

L'avionneur américain a tiré le premier en annonçant deux protocoles d'accord avec les compagnies chinoises Xiamen Airlines pour l'acquisition de 30 737 Max 200, pour une valeur de 3,4 milliards de dollars au prix catalogue, et Donghai Airlines pour 25 moyen-courriers 737 Max 8 et cinq long-courriers 787-9 pour un peu plus de 4 milliards de dollars.

Airbus a répondu avec des commandes fermes de la part de la société américaine de location Air Lease Corporation (ALC) pour trois long-courriers A350-900, son dernier-né, et un moyen-courrier A321, pour environ un milliard de dollars aux prix catalogue.

Il a dans la foulée annoncé une commande ferme pour douze A350-1000 au profit de Virgin Atlantic pour 4,3 milliards de dollars.

Dans le match qui les oppose, Boeing était en tête à la veille de Farnborough. Le géant de Seattle, qui célèbre son centenaire, a enregistré 276 commandes nettes depuis le début de l'année, contre 183 pour son rival européen.

Mais si les commandes marquent un fléchissement par rapport à l'an dernier, les carnets de commandes sont «historiquement au plus haut avec 13.400 avions, dont 94% pour Airbus et Boeing», a rappelé Alain Guillot, directeur général du cabinet AlixPartners et responsable du département Aéronautique & Défense en France, ont la veille du salon.

Ce recul s'explique par des carnets de commandes pleins qui représentant dix années de production au rythme actuel. Il s'explique également par des raisons macro-économiques, comme la hausse du dollar ou la baisse du prix du pétrole.

Dans ces conditions, Farnborough 2016, qui se tient en alternance avec le salon du Bourget, près de Paris, a peu de chances de dépasser sa performance de 2014, où les commandes fermes et en option avaient atteint le chiffre record de 201 milliards de dollars (181 milliards d'euros).

Dans leurs études, les deux géants soulignent que cette croissance du trafic sera principalement portée par l'Asie et le segment des moyen-courriers.

«L'Asie-Pacifique est le moteur qui tire la croissance au cours des 20 prochaines années, a déclaré le directeur commercial d'Airbus, John Leahy. La Chine sera bientôt le plus grand marché de l'aviation», a-t-il ajouté.

Sur ce segment, qui représente les deux-tiers du marché, le duopole Airbus-Boeing sera pour la première fois rompu avec l'arrivée de la CSeries du canadien Bombardier, qui effectue son entrée en service le 15 juillet, soit durant le salon.

Le premier ministre britannique sortant David Cameron a effectué une visite du salon, afin de souligner le poids de l'aéronautique dans l'économie britannique, alors que les acteurs du secteur s'interrogent sur les conséquences du Brexit. Selon les chiffres publiés par la presse britannique, l'aéronautique représente 128 000 emplois et 31 milliards de livres de revenus.