Bombardier a annoncé mercredi l'élimination de 7000 postes, dont 2000 contractuels, soit 10 % de son effectif mondial, dans le but d'améliorer sa situation financière.

Près de la moitié des licenciements seront effectués au Canada: 2830 emplois seront perdus au pays, dont 2400 au Québec. Les autres suppressions de postes auront principalement lieu en Europe, notamment au Royaume-Uni, où Bombardier a des activités aéronautiques et ferroviaires.

Les licenciements, qui s'étaleront sur deux ans, toucheront 3200 salariés de la division ferroviaire, 2500 salariés des activités d'aérostructures et des services d'ingénierie, 800 salariés de l'ingénierie et du développement de produits (aéronautique) et 500 salariés des avions d'affaires.

En revanche, Bombardier embauchera de nouveaux travailleurs dans des domaines en croissance, plus particulièrement la C Series. Air Canada s'est engagé mercredi à acheter 45 appareils de cette gamme d'avions, un contrat de 3,8 milliards US au prix courant.

«Nous allons évaluer la situation et tout faire pour limiter les mises à pied», a commenté dans un communiqué le président de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'Aérospatiale, Yvon Paiement, en évoquant des possibilités de relocalisation et de programmes de formation.

Les suppressions de postes entraîneront des charges de restructuration de 250 à 300 millions US, a précisé Bombardier.

La multinationale montréalaise a par ailleurs annoncé le regroupement de ses actions afin de faire en sorte que le cours boursier oscille entre 10 et 20 $.

Des résultats mitigés

L'annonce de la commande de 45 avions C Series et des 7000 suppressions de postes a largement occulté les résultats de Bombardier et d'Air Canada. En voici les faits saillants.

Perte

Bombardier a terminé l'année 2015 avec une perte de 5,3 milliards US, principalement attribuable à des dépréciations d'actifs liées à la C Series (3,2 milliards US), au Learjet 85 (1,2 milliard US) et au CRJ1000 (243 millions US). Les revenus annuels se sont établis à 18,2 milliards US, en baisse de 10 % par rapport aux 20,1 milliards US de 2014. Au quatrième trimestre, la perte nette s'est chiffrée à 677 millions US alors qu'elle avait atteint 1,6 milliard US en 2014. Les revenus trimestriels se sont élevés à 5 milliards US, en deçà des attentes des analystes. En revanche, Bombardier a épuisé moins de liquidités que ce que craignait le marché.

Livraisons

En 2015, Bombardier a livré 199 avions d'affaires et 76 avions commerciaux, soit légèrement moins qu'en 2014. Mais du côté des commandes, la chute a été marquée. L'avionneur a conclu des contrats pour 51 avions commerciaux en 2015, contre 153 en 2014. Dans le secteur des avions d'affaires, Bombardier a supprimé 24 commandes nettes de son carnet en 2015 alors qu'en 2014, l'entreprise en avait gagné 129. Cette année, Bombardier prévoit livrer 150 jets d'affaires et 95 avions commerciaux.

Perspectives

Les perspectives de Bombardier pour 2016 ont généralement déçu les analystes. L'entreprise prévoit des revenus oscillant entre 16,5 et 17,5 milliards US, alors que le marché espérait en moyenne 18,2 milliards US. Pour ce qui est du bénéfice d'exploitation, Bombardier vise entre 200 et 400 millions US, loin des 488 millions US projetés par les analystes. Par contre, Bombardier rejoint le marché en tablant sur une utilisation de ses liquidités variant entre 1 et 1,3 milliard US. L'entreprise a par ailleurs indiqué qu'elle allait devoir consacrer 2 milliards US de plus à la C Series avant que le programme ne génère des flux de trésorerie positifs, en 2020.