L'ex-ministre fédéral Christian Paradis passe chez GardaWorld, où il aura pour mandat de convaincre les différents ordres de gouvernement au pays de faire davantage appel au secteur privé en matière de sécurité publique.

GardaWorld fait valoir que le secteur privé peut s'acquitter à moindre coût de plusieurs tâches administratives effectuées actuellement par les corps policiers. «Si on continue avec les façons de faire actuelles, c'est intenable», dit Christian Paradis en entrevue à La Presse.

Christian Paradis, qui a été député fédéral de Mégantic-L'Érable de 2006 à 2015 et ministre du gouvernement Harper de 2007 à 2015, cite notamment en guise d'exemples des tâches comme la prise d'empreintes ou la sécurisation des scènes de crime, qui «ne requièrent pas nécessairement de compétences policières».

«Ces tâches-là ont un coût. On va être capables de rehausser la qualité de la sécurité publique tout en ayant des gains considérables [pour les contribuables]. Pourquoi [faire ces tâches administratives] à un prix plus élevé alors que nous pouvons assurer ces services de façon plus qu'adéquate? Poser la question, c'est y répondre. Tout le monde est gagnant», dit M. Paradis, qui occupera en janvier ses nouvelles fonctions chez Garda World à titre de vice-président principal, développement stratégique des services de protection au Canada.

Au Canada, ce sont les différents ordres de gouvernement (fédéral, provincial, municipal) qui sont chargés de gérer les corps policiers. En raison des règles fédérales, l'ex-ministre ne peut «pas faire de lobbying au niveau fédéral durant cinq ans». M. Paradis pourrait théoriquement faire du lobbying au niveau municipal et provincial, mais rien n'a été décidé à ce sujet.

Plus de privé

En haussant la part du privé en sécurité publique, Christian Paradis veut «faire en sorte que les forces publiques puissent se concentrer sur ses fonctions essentielles: la criminalité et le terrorisme. La menace a évolué, il faut que les moyens pour la contrer évoluent, il faut que les ressources soient optimisées. En Angleterre et en France, il y a des gens du secteur privé qui prennent les appels 911 et font la circulation. Il y a des municipalités qui se penchent déjà sur ça. C'est la pointe de l'iceberg».

L'ex-ministre conservateur fait valoir qu'une part accrue au secteur privé en sécurité ne remet pas en cause les orientations du gouvernement Harper - dont il faisait partie durant huit ans - en matière de sécurité. «Si le ministre [responsable] a jugé qu'il y avait des besoins accrus, c'est signe qu'il y avait des besoins accrus, mais ça n'empêche pas d'impartir [au privé pour des services non essentiels]», dit Christian Paradis, qui rappelle que ce débat sur la place du privé en sécurité «s'installe présentement» et n'avait pas lieu lors des premières années du gouvernement Harper.

Après neuf ans en politique fédérale, Christian Paradis ne s'était pas représenté aux élections d'octobre dernier. Après avoir eu des discussions avec des cabinets d'avocats nationaux - il a été ministre de portefeuilles à caractère économique comme les Ressources naturelles et l'Industrie -, cet avocat de formation dit avoir été «séduit» par la «culture entrepreneuriale» de GardaWorld, où il relèvera à la fois du président des services de protection de Garda au Canada, Marc-André Aubé, et du président et chef de la direction de l'entreprise, Stéphan Crétier.