Le grand patron de Bombardier, Alain Bellemare, a entrepris de séduire les investisseurs avec un plan stratégique de cinq ans visant à redresser l'entreprise. Avec ses principaux collaborateurs, il a rencontré un groupe d'analystes financiers mardi à New York pour en exposer les grandes lignes.

La tentative de séduction, diffusée sur YouTube, a suscité une réaction glaciale sur le marché: l'action de catégorie B de Bombardier a plongé de 4,8% pour clôturer à 1,18$ à la Bourse de Toronto, mardi.

Plus de commandes

La direction de Bombardier a évoqué un certain nombre de facteurs qui jouent en faveur de la C Series, mais il faudra probablement encore attendre un peu avant de voir une nouvelle commande d'importance.

«Les négociations prendront le temps qu'il faudra, a déclaré Fred Cromer, président de Bombardier Avions commerciaux. Ça nous va. De toute façon, nous avons peu d'ouvertures à offrir pendant les premières années de production.»

Il a expliqué aux analystes financiers que l'avionneur visait de grandes sociétés aériennes afin d'obtenir des commandes significatives. Or, il s'agit d'organisations particulièrement sophistiquées qui savent négocier.

«La pire chose qui pourrait arriver, ce serait une entente précipitée», a-t-il affirmé.

Il a noté que l'investissement du Québec dans la C Series avait rassuré les clients de la nouvelle famille d'appareils.

«Ç'a été bien reçu, a-t-il déclaré aux analystes. S'il y avait des gens qui se préoccupaient au sujet des liquidités de Bombardier, le fait que le Québec s'implique les a rassurés.»

Enfin, la C Series devrait obtenir sa certification de Transports Canada d'ici la fin de l'année. Selon M. Cromer, cela devrait raviver l'intérêt de certains clients potentiels.

Le Mexique et le Maroc

Afin de réduire ses coûts, Bombardier entend transférer davantage de tâches peu complexes à ses usines situées dans des pays à faible coût, comme le Mexique, le Maroc et l'Inde.

Elle conservera les tâches plus complexes et les activités de recherche et développement à ses centres d'excellence comme, dans le cas de l'aéronautique, Montréal et Belfast.

C'est ce qu'a indiqué le vice-président, Stratégie d'exploitation, et responsable de la transformation de Bombardier, Jim Vounassis.

«Nous voulons que les bons produits se trouvent dans les bonnes usines», a déclaré M. Vounassis.

Le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, a noté que l'entreprise ne partait pas de zéro et qu'elle avait déjà de très bonnes usines au Mexique, au Maroc et en Inde.

«Nous accélérons ces initiatives», a-t-il déclaré.

Selon Jean Séguin, président d'Aérostructures et Services d'ingénierie, le transfert de travaux peu complexes nécessitant beaucoup de main-d'oeuvre dans les pays à bas coûts devrait permettre de réaliser des économies cumulatives de plus de 60 millions US d'ici 2020.

Toutefois, en raison des longs cycles dans le domaine de l'aéronautique et du secteur ferroviaire, il faudra attendre à la fin de 2017 pour commencer à voir l'effet de ces réductions de coûts, a fait savoir Jim Vounassis.

Moins de fournisseurs

Bombardier entend réduire ses coûts d'approvisionnement de 200 millions US par année d'ici 2020.

«Il ne s'agit pas de presser le citron jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, a déclaré Nico Buchholz, vice-président et chef de la direction de l'approvisionnement chez Bombardier. Nous voulons mettre en oeuvre des façons différentes de s'approvisionner. Nous allons consolider la base de nos fournisseurs.»

Bombardier Transport a déjà accompli un bon bout de chemin. En 2012, la division ferroviaire avait environ 37 000 fournisseurs différents. En 2014, ce nombre avait fondu à environ 9500. Pour 2020, Bombardier Transport vise 2000 fournisseurs, soit 1000 fournisseurs de produits et 1000 fournisseurs de services.

Selon Lutz Bertling, président de Bombardier Transport, la mise en place d'ententes de partenariat avec les fournisseurs devrait permettre des économies de 101 millions d'euros, soit 143 millions CAN.

Le président de Bombardier Aérostructures et Services d'ingénierie, Jean Séguin, a indiqué pour sa part que sa division pourrait placer des ingénieurs au sein de fournisseurs pour cibler des économies potentielles.

«Nous voyons une réduction de 10 à 20% des coûts d'approvisionnement», a-t-il affirmé.

Reprise

L'an 2016 serait une année de transition pour Bombardier. L'entreprise connaîtra une diminution de ses revenus et de ses bénéfices en raison notamment de la réduction de cadence de production des luxueux avions d'affaires Global 5000 et Global 6000.

La situation devrait s'améliorer pour 2020 avec l'entrée en service de la C Series et des appareils Global 7000 et Global 8000.