Même si son économie ralentit, la Chine continue d'investir massivement dans le développement de son réseau de trains à grande vitesse, de loin le plus étendu au monde. Bombardier (T.BBD.B) en profite: hier, une coentreprise chinoise de la multinationale québécoise a décroché un contrat de 381 millions US.

Bombardier Sifang (Qingdao) Transportation (BST) fournira 15 trains à grande vitesse à China Railway, la société d'État qui gère le réseau ferroviaire du pays. Ces trains CRH380D, jusqu'ici connus sous le nom de Zefiro 380, peuvent atteindre une vitesse de 380 km/h. Ils sont composés de huit voitures en aluminium équipées de sièges de catégories VIP, première classe et deuxième classe ainsi que d'une voiture-restaurant.

Les rames seront construites à l'usine de BST située à Qingdao, dans l'est du pays, avec des composants provenant d'Europe et de Chine. Le travail d'ingénierie sera réalisé à Qingdao et en Europe.

Les autorités chinoises ont homologué le train CRH380D au début de l'année. Pékin a demandé à BST de tester les rames sur pas moins de 600 000 kilomètres. Les premières livraisons du CRH380D, découlant d'un contrat de 4 milliards US attribué à BST en 2009, ont eu lieu cet hiver alors qu'elles devaient avoir lieu en 2012. «Le client nous a demandé de reporter les livraisons», a précisé hier Marc-André Lefebvre, porte-parole de Bombardier Transport.

Modifications à une coentreprise

Des changements ont par ailleurs été apportés au sein de BST, une coentreprise dans laquelle Bombardier détient une participation de 50%. Dans son plus récent rapport financier, le géant chinois de la construction de matériel roulant CRRC a indiqué avoir «obtenu le contrôle» de BST.

«À la demande de CRRC, nous avons cédé le contrôle sur certaines décisions de BST, ce qui permet à CRRC de consolider les résultats de BST aux siens», a indiqué hier Sylvain Marcotte, vice-président responsable de l'information financière chez Bombardier. Cette dernière continue toutefois de toucher la moitié des profits et des dividendes de BST, a-t-il précisé.

Selon CRRC, BST a dégagé des profits de 38 millions US sur un chiffre d'affaires de 658 millions US au cours des six premiers mois de 2015.

En 2011, un accident ferroviaire ayant fait 40 morts en 2011 a ralenti le développement du réseau chinois de trains à grande vitesse. L'activité a toutefois repris avec force l'an dernier. Au cours des 18 derniers mois, on a lancé les travaux de construction de neuf nouvelles lignes à grande vitesse. Les usagers sont au rendez-vous: au cours des sept premiers mois de 2015, le volume de passagers de China Railways a augmenté de plus de 9% par rapport à la même période de l'an dernier.

Bombardier compte au moins sept divisions et six coentreprises en Chine. En 2014, la multinationale a enregistré des revenus de 815 millions US dans le pays, contre 560 millions US en 2013.

«Nouvelle normalité»

Les économistes prévoient que l'économie chinoise connaîtra une croissance de 7% cette année, contre 7,4% l'an dernier et 7,7% en 2013. Jusqu'ici, cette «nouvelle normalité», comme l'a baptisée le président Xi Jinping, a eu plus de répercussions sur les commandes d'avions de Bombardier que sur ses contrats de trains. Plus tôt cette année, l'entreprise a indiqué que la Chine faisait partie des pays où la demande pour les avions d'affaires avait chuté de façon marquée.

De plus, Bombardier n'a toujours pas vendu d'avions C Series en Chine malgré la conclusion d'ententes avec des prêteurs chinois. «Les discussions progressent à un rythme plus lent» en raison des soubresauts de l'économie chinoise, a récemment déclaré une porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marianella de la Barrera, à La Presse Canadienne.

Cela dit, le ralentissement n'a pas encore eu d'impact notable sur le commerce entre le Canada et la Chine. Au cours des six premiers mois de l'année, les exportations du Canada vers le géant asiatique ont crû de près de 2% par rapport à la même période de 2014. Par contre, les exportations québécoises en Chine ont reculé de plus de 5%.

EXPORTATIONS EN CHINE

Premier semestre de 2015

> Québec: 1,2 milliard

> Canada: 9,5 milliards

IMPORTATIONS DE CHINE

> Québec: 4,8 milliards

> Canada: 30,2 milliards