Le ministre québécois de l'Économie a indiqué vendredi avoir été assuré par le président de Bombardier que la division ferroviaire du géant du transport n'était pas à vendre, malgré la publication d'un article suggérant que l'entreprise essayait de conclure un accord en vue de la vendre, la fusionner ou l'essaimer.

«J'ai eu la confirmation ce matin que la division Transport de Bombardier n'était pas à vendre», a déclaré dans un communiqué le ministre Jacques Daoust, indiquant avoir joint Pierre Beaudoin pour connaître «les intentions réelles de l'entreprise».

Le ministre Daoust a cependant admis l'existence d'un mouvement mondial de consolidation dans l'industrie du transport et précisé qu'il n'était «pas exclu que Bombardier participe à cette réorganisation». Dans cette optique, «Bombardier analyse présentement les différentes possibilités qui lui sont offertes», ajoute le communiqué.

Selon M. Daoust, la volonté de l'entreprise de ne pas vendre sa division de transport ferroviaire est «une excellente nouvelle pour les travailleurs de l'entreprise, mais aussi pour tous les Québécois».

Plus tôt dans la journée, des analystes ont estimé qu'une importante transaction modifiant l'avenir de Bombardier Transport semblait logique, réagissant ainsi à la publication d'une dépêche de l'agence de presse Reuters, laquelle citait plusieurs sources non identifiées affirmant que Bombardier oeuvrait à l'élaboration d'une entente dont la valeur pourrait atteindre 5 milliards de dollars US.

L'analyste Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, croit qu'une telle transaction générerait un produit qui pourrait être utilisé pour le financement des programmes aéronautiques comme celui des avions commerciaux de la CSeries et pour recentrer Bombardier en tant qu'entreprise exclusivement consacrée au marché de l'aéronautique.

Une entente pour séparer les activités ferroviaires et aéronautiques de Bombardier signalerait aux investisseurs que la nouvelle équipe de direction dirigée par Alain Bellemare n'a pas peur d'effectuer d'importantes décisions stratégiques.

L'action de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] a pris vendredi 4 cents à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 2,64 $, après avoir grimpé plus tôt dans la séance jusqu'à 2,79 $.

Le titre de Bombardier - régulièrement un des plus actifs sur le parquet torontois - a plongé à un creux de 2,26 $ ces derniers mois, dans la foulée de la publication de résultats trimestriels décevants, de la suspension de son dividende et de l'annonce de retards dans la livraison de ses nouveaux avions commerciaux de la CSeries.

La valeur de 5 milliards de dollars US estimée - équivalente à 2,24 $ US par action, ou 2,80 $ CAN par action - est supérieure aux évaluations des analystes.

Selon les calculs de M. Poirier, la division ferroviaire pourrait valoir environ 4,6 milliards de dollars US, soit entre 1,57 $ US et 1,96 $ US par action.

L'analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, estime pour sa part que la valeur de Bombardier Transport serait de 3,47 milliards de dollars US, soit 1,45 $ US par action. Cependant, il croit que ce chiffre pourrait être plus élevé, tout dépendant de la façon dont les intérêts, les impôts et la dette sont divisés entre les deux filiales.

Bombardier avait déjà indiqué en février qu'elle étudierait diverses options pour réduire sa dette, a rappelé M. Spracklin, mais l'analyste juge qu'il serait étonnant de voir la société aller de l'avant avec une transaction alors qu'elle n'a pas de directeur financier - le départ à la retraite du directeur financier actuel a été annoncé jeudi - et que le chef de la direction n'est en poste que depuis deux mois.

«Il est plus probable que la société procède à une analyse, exactement comme elle a dit qu'elle le ferait le 12 février. Conséquemment, nous ne voyons pas dans cette nouvelle une information importante», a poursuivi M. Spracklin.

La porte-parole de Bombardier, Isabelle Rondeau, a indiqué que la société ne ferait pas de commentaire au sujet de l'article publié par Reuters.

«Nous venons tout juste de finaliser avec succès un plan de financement [et] nous ne sommes pas pressés de faire une vente de feu», a-t-elle fait valoir lors d'un entretien. «Nous voulons être certains de créer de la valeur pour les actionnaires.»