Les comptoirs UPS (UPS) se multiplient rapidement au Québec. Depuis le début de l'année, l'entreprise américaine a fait passer de 35 à 105 le nombre d'endroits où il est possible de récupérer un colis. Et ce n'est pas fini, a appris La Presse Affaires.

«On pourrait facilement en avoir le double pour bien desservir le Québec. D'ailleurs, nous sommes en croissance. Nous aurons 200 points d'accès d'ici un an», a confié Nicolas Dorget, vice-président aux solutions d'affaires chez UPS Canada, au cours d'un entretien téléphonique.

UPS utilise deux types de «point d'accès» pour servir ses clients: The UPS Store (depuis 2005 au Québec) et les «points de vente autorisés». Ces derniers se trouvent à l'intérieur d'autres commerces comme des dépanneurs, des nettoyeurs, des magasins à 1$ ou des boutiques de vélo. Ils sont exploités par les propriétaires de ces établissements.

Ces comptoirs permettent aux consommateurs et aux entreprises de récupérer des colis et de retourner des achats. Certains offrent aussi des services d'emballage et d'expédition aux détenteurs de comptes.

L'ironie, dans tout ça, c'est que «le commerce électronique aide les petits détaillants indépendants à avoir plus d'achalandage!», fait remarquer Nicolas Dorget.

À l'heure actuelle, le Québec compte 70 comptoirs et 35 The UPS Stores franchisés. Comme sa rivale FedEx, UPS possède de nombreuses boîtes de dépôt qui ressemblent aux boîtes aux lettres de Postes Canada.

Budget confidentiel

UPS est aussi en expansion dans les autres provinces où, là aussi, le nombre de points d'accès doit doubler dans la prochaine année. Ici comme ailleurs, l'entreprise ajoutera principalement des points de vente autorisés, «un concept qui a déjà fait ses preuves en Europe».

Nicolas Dorget ne veut pas faire de lien direct entre l'augmentation des achats en ligne et ce blitz de croissance. «Les consommateurs sont de plus en plus sophistiqués, plus exigeants, justifie-t-il. Ils veulent des points de contact plus commodes et une meilleure expérience client. On veut les écouter et rester en avant de la vague. On veut leur donner des raisons de nous choisir.»

Le budget de l'opération est confidentiel, de même que le chiffre d'affaires de UPS au Canada, le volume de colis transportés annuellement et ses parts de marché. Chez Postes Canada, le volume combiné de colis et de paquets (ce qui est assez petit pour entrer dans le sac d'un facteur) est en croissance de 5 à 7%.

Commerçants impayés

Les commerçants qui veulent un comptoir UPS dans leur local n'ont rien à débourser. «C'est nous qui les payons! On forme leurs employés sur la façon d'interagir avec la clientèle. On leur fournit la signalisation [affiches], la technologie [scanneur] et tout ce dont ils ont besoin. En trois ou quatre jours, le set-up est prêt», relate Nicolas Dorget.

Pierre Daigneault, qui possède des nettoyeurs sur la Rive-Sud, a accueilli des comptoirs UPS dans deux de ses établissements, en mars dernier. Il connaît bien ce type de concept: deux autres de ses commerces abritent des points de service Purolator (division B-to-B de Postes Canada) qui lui rapportent «assez d'argent pour payer ses comptes d'électricité et de téléphone».

«UPS nous donne 50 cents par colis. C'est moins payant que Purolator (1,50$), mais ça nous amène de l'achalandage. Le problème, c'est que, depuis mars, je n'ai pas été rémunéré par UPS. Je n'ai pas eu cinq sous!», lance l'homme d'affaires qui commence à s'impatienter.

Même scénario dans deux pharmacies Uniprix de Laval appartenant à Stéphane Sansregret. Elles n'ont toujours pas reçu de dépôt, selon la directrice administrative, Linda Rousseau, même si l'une des succursales gère des colis UPS depuis quatre mois. «Quand j'ai appelé parce que ça commençait à être long, ils m'ont dit qu'il y avait une erreur sur les papiers.»

Ces Uniprix sont néanmoins contents de leur choix puisque «les gens font le tour et achètent».

La boutique de vente et de réparation d'ordinateurs 3ZCOM, à Longueuil, a accepté la proposition de UPS il y a environ un mois. «C'est dur de valider l'impact, mais c'est sûr que, du jour au lendemain, quand 10 personnes entrent dans le magasin, ça a un impact», relate l'un des propriétaires, Samuel Pilon, qui n'était pas en mesure de dire s'il avait reçu son premier chèque.

De toute façon, il ne distribue pas des colis pour l'argent, mais plutôt pour faire connaître son commerce auprès des résidants du quartier, explique-t-il. «Quand les gens appellent pour savoir si on a leur colis, pour moi c'est du marketing auprès de mes futurs clients.»

Informée de ces retards de paiements, une porte-parole de UPS nous a indiqué qu'elle transmettrait le message aux bonnes personnes pour qu'elles résolvent le problème.