Le militantisme est à la mode chez les gestionnaires de fonds qui souhaitent dégager dans une entreprise une valeur non reconnue par le marché. En ce sens, la filiale boursière de la Banque Royale (RBC Marchés des capitaux) relance la machine à rumeurs au sujet d'une entreprise installée à Mirabel: Bell Helicopter.

L'analyste Robert Stallard a fait savoir hier que le holding industriel Textron, qui possède Bell, est un bon candidat pour subir une pression de la part d'investisseurs activistes.

L'évaluation boursière relativement modeste de Textron (11 fois les profits de 2014) et la diversité des activités de ses filiales sont des éléments qui placent le conglomérat dans une position favorable pour une vente en morceaux.

Dans une telle éventualité, Bell Helicopter, dont les installations de fabrication sont situées à Mirabel et au Texas, représenterait l'actif ayant la plus grande valeur.

Avec un chiffre d'affaires de 4,2 milliards, Bell Helicopter a généré 35% des 12,2 milliards de revenus de Textron l'an passé.

Dans le cas d'une mise en vente de Bell Helicopter, Robert Stallard s'attend à ce que Boeing et Sikorsky (une filiale à part entière du conglomérat coté en Bourse United Technologies) songent à déposer une offre.

«Boeing représente sans doute une meilleure option parce que sa fusion avec Bell ferait diminuer les coûts de son partenariat de fabrication de l'appareil militaire V-22 Osprey. Ça ferait aussi en sorte que les États-Unis auraient encore deux fournisseurs d'hélicoptères d'intervention tactique.»

Selon l'analyste, un fabricant européen aurait probablement de la difficulté à faire accepter l'achat de Bell Helicopter par les autorités américaines en raison des inquiétudes liées à la sécurité nationale.

Même si les perspectives sont difficiles dans le secteur militaire en ce moment, RBC pense que les hélicoptères vont demeurer attrayants pour les forces armées.

Robert Stallard soutient que Bell pourrait facilement obtenir un multiple de 10 fois son bénéfice d'exploitation, en particulier si une offre devait venir d'une entreprise qui a de bons moyens financiers comme Sikorsky ou Boeing.

Ce serait d'autant plus justifié, dit-il, que les marges d'exploitation se sont constamment améliorées depuis la crise de 2008, passant d'environ 9% à 14% aujourd'hui. Et c'est sans tenir compte qu'un acquéreur potentiel pourrait générer des synergies et ainsi bonifier davantage les marges.

Textron, dont l'action a clôturé la séance d'hier en hausse de 1,5%, à 28,96$US, à la Bourse de New York, aurait une valeur de liquidation de 42,00$ par action. Du moins, c'est ce que les calculs de RBC laissent entendre. C'est approximativement 50% de plus que la valeur actuelle.

Générer le plein potentiel de ce scénario prendrait évidemment un certain temps puisque ça impliquerait la vente de tous les actifs détenus par Textron.

Ça reste très hypothétique, car comme Robert Stallard le souligne lui-même dans son rapport de recherche, la direction de Textron n'a jamais indiqué qu'elle avait l'intention de se mettre en vente ou de quitter la Bourse.

Hier, la direction a refusé de commenter le rapport de l'analyste de RBC.

Les principaux actifs de Textron sont, notamment, Bell Helicopter, Cessna (jets d'affaires), E-Z-GO (voiturettes de golf), Jacobsen (tracteurs à gazon), Greenlee (outils) et Kautex (équipementier automobile).

Textron a publié ses plus récents résultats trimestriels mercredi dernier.

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Bell Helicopter en bref

Revenus: +21%, à 4,2 milliards, en 2012

Profits: +23%, à 639 millions, en 2012

Nombre d'appareils livrés en 2012: 188

Nombre d'appareils livrés en 2011: 125

Nombre d'employés: plus de 2000 à Mirabel