Le grand patron de Transat (T.TRZ.B) ne craint pas l'arrivée du nouveau transporteur de voyages d'agrément Air Canada (T.AC.B) rouge, qui vient pourtant jouer dans ses platebandes.

«Je ne vois pas beaucoup de différence, ce sont des avions qui existent déjà, qui sont déjà sur ces routes», a déclaré le président et chef de la direction de Transat, Jean-Marc Eustache, au cours d'une conférence téléphonique hier, à l'occasion de la divulgation des résultats du quatrième trimestre de la société.

Il a donné l'exemple de la liaison entre Montréal et Athènes qu'Air Canada rouge offrira à partir de juillet prochain. Or, Air Canada offre déjà ce service à l'heure actuelle.

«Ça va s'appeler rouge, c'est la seule différence que je vois, a lancé M. Eustache. Nous avons l'habitude de la concurrence.»

Il a rappelé qu'Air Transat a affronté un grand nombre de concurrents au cours des années. Plusieurs, comme Nationair, Canada 3000 et Royal, ont disparu.

M. Eustache a soutenu que la structure de coûts du nouveau transporteur d'Air Canada n'était pas encore assez allégée pour constituer une menace.

Branle-bas

«Ils ont fait un petit effort sur les pilotes et les agents de bord, ils ont mis quelques sièges de plus dans les avions, mais ne charrions pas, Air Canada, ça reste Air Canada, a-t-il lancé. Je ne suis pas inquiet.»

Si Air Canada rouge ne semble pas inquiéter M. Eustache, un article paru dans The Gazette a provoqué un grand branle-bas chez Transat et a amené la société à devancer la divulgation de ses résultats du quatrième trimestre.

Selon The Gazette, le voyagiste a été la victime d'une fraude de 26 millions de dollars au Royaume-Uni sur une période de cinq ans. Le quotidien montréalais a tiré cette information d'un groupe d'employés qui n'ont pas voulu être identifiés.

Dans un courriel à The Gazette, Transat a nié l'existence de cette fraude. Le voyagiste, qui devait divulguer ses résultats du quatrième trimestre aujourd'hui, a toutefois décidé de devancer cette divulgation et de procéder hier matin pour mettre fin aux rumeurs.

Le vice-président aux finances de Transat, Denis Pétrin, a plutôt fait état d'une «erreur comptable récurrente remontant à 2006» dans la filiale de Transat au Royaume-Uni.

Une erreur comptable

Il a expliqué que les sommes perçues des clients en avance n'avaient pas été inscrites adéquatement dans le passif courant sous la rubrique «dépôts de clients et revenus différés». Cette erreur comptable se serait répétée de 2006 à 2011. Le montant en cause s'élève à près de 17 millions pour l'ensemble de ces années.

Transat a modifié ses résultats de l'exercice financier 2011 pour refléter l'effet de cette erreur comptable sur les bénéfices non répartis. Cela s'est traduit par une augmentation de la perte nette de 2,9 millions de dollars. L'exercice 2011 s'est donc soldé par une perte nette de 14,7 millions, plutôt que de 11,8 millions.

Transat a par ailleurs connu un solide quatrième trimestre pour l'exercice 2012, avec un bénéfice net de 16,6 millions. Le quatrième trimestre de l'exercice 2011 avait donné lieu à une perte nette de 7,3 millions.

Revenus en baisse

Les revenus de Transat ont diminué de 5,3% pour s'établir à 763,4 millions au quatrième trimestre de 2011. La société a attribué cette diminution des revenus à la baisse de capacité que Transat a implantée sur ses liaisons transatlantiques et ses liaisons entre le Canada et le Sud. Le nombre de voyageurs a diminué, mais les prix et les coefficients d'occupation ont augmenté par rapport à 2011, ce qui a permis de rehausser la marge bénéficiaire.

Si les activités nord-américaines de Transat ont été solides, ses activités européennes ont donné lieu à une perte d'exploitation de 3 millions. La société a attribué une partie de cette perte en Europe à la fin du contrat entre Thomas Cook Airways et elle.

Pour l'ensemble de l'exercice, Transat a enregistré une perte nette de 16,7 millions de dollars.

Le marché a bien réagi aux résultats: l'action de catégorie B de Transat a gagné 27 cents pour clôturer à 5,93$ à la Bourse de Toronto hier, un gain de près de 4,8%.