L'onde de choc de Sandy touchera Montréal et perturbera quelque peu le transport de marchandises par bateau et par camion, mais il faudra attendre quelques jours pour mieux en mesurer l'ampleur.

En revanche, le transport ferroviaire devrait se poursuivre normalement, à condition que les gares de triage du nord-est et du centre des États-Unis n'interrompent pas leurs activités.

Trois bateaux ancrés ont été menés à quai par mesure de prévention, a indiqué Michèle Beaubien, directrice des communications du Port de Montréal. «Il s'agit de deux pétroliers, dont un qui est chargé, et d'un vraquier dont la cargaison de sucre avait été transbordée.»

Le port a aussi fait accoster un vraquier chargé qui s'apprêtait à prendre la route des Grands Lacs, car on attendait des rafales soufflant jusqu'à 90 km/h.

L'autorité portuaire doit aussi accueillir un navire qui était aux Escoumins en début d'après-midi hier pour y faire halte le temps des intempéries.

«Dès que le vent dépasse les 37 km/h, le capitaine peut décider d'ancrer le bateau», explique Andrew Bogora, porte-parole de la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent. Plus il est chargé, plus il peut tolérer de fortes bourrasques. Comme il est plus enfoncé dans les flots, un navire chargé est moins sujet au roulis et au tangage.

On comptait hier 24 navires ancrés ou en transit dans la Voie maritime, qui s'étend de Montréal à Cape Vincent (État de New York), et sur les 42 km du canal Welland qui contourne les chutes du Niagara. Dans le port même, le protocole de sécurité est en place.

Des rafales qui excèdent 72 km/h entraînent l'arrêt des opérations des grues-portiques à l'oeuvre dans les quatre terminaux de conteneurs. « D'autres activités peuvent aussi être interrompues à cause de vents violents, comme la manutention de conteneurs vides que de fortes rafales peuvent déplacer », explique Jean Bédard, président de l'Association des employeurs maritimes.

Selon lui, les conséquences économiques de ces délais ne sont pas énormes. Il pourrait en être autrement, bien sûr, si des installations ou des cargaisons étaient endommagées par le passage de Sandy.

Même si ce sera jour de pleine lune et de grandes marées aujourd'hui, le port de Halifax n'entend pas pour autant interrompre ses activités. Selon les prévisions météorologiques, Sandy devrait toucher terre plus au sud, se transformer en déluge et venir mourir dans la plaine du Saint-Laurent.

«Pour l'instant, les activités reliées au cargo se poursuivent normalement», a précisé en après-midi hier Natalie Kenrick, responsable des communications du port de la capitale néo-écossaise.

En revanche, deux bateaux de croisière resteront à quai une journée de plus. La saison des croisières se voit donc prolongée de 24 heures.

Les camions aussi

Le transport par camion subit aussi des perturbations.

«On a dû annuler toutes les livraisons vers New York, le New Jersey et la Pennsylvanie, explique Jean-René Lessard, vice-président marketing et relations publiques chez Robert. Ça va créer plus de retards que de pertes.»

Robert surtout du cargo général, bien qu'il exploite aussi quelques camions réfrigérés pour les fruits et les légumes.

À ce temps-ci de l'année, beaucoup de produits viennent de la Géorgie (poivrons, aubergines, haricots), de la Floride et du Mexique. Ils arrivent à Montréal par camion, tout comme les bananes qui sont chargées au Delaware ou beaucoup d'autres produits en transit à Philadelphie.

«Pour l'instant, on ne prévoit pas de ruptures d'approvisionnement, assure Marie-Claude Bacon, directrice principale, affaires corporatives, chez Metro. Ça fait partie de la réalité que de jongler avec les aléas de la météo. »

Pour l'instant, le transport de marchandises par train n'est pas perturbé, bien que la fermeture de la gare centrale de New York perturbe la liaison ferroviaire entre la Grosse Pomme et les destinations canadiennes de Montréal et de Toronto.

Si la tempête interrompait l'activité de grands centres de triage comme Chicago, les livraisons en par tance de Californie pourraient être retardées. Ce n'est pour l'instant toutefois que pure spéculation.

Une fois Sandy évanoui, dans quelques jours, on sera mieux à même d'évaluer les pertes dans les cultures en cours ou dans les infrastructures, ce qui pourrait compliquer les routes d'approvisionnement.

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Le transport maritime en chiffres

Port de Montréal

Superficie (Montréal): 6 353 686 m2

Emplois: 5400 emplois liés aux entreprises associées aux activités portuaires et maritimes de Montréal.

Trafic: toutes marchandises confondues, le port a reçu 28 millions de tonnes de cargo en 2011.

Au Québec

Voies ferrées: la longueur des voies ferrées, près des quais et sur les terminaux, reliées au réseau du Canadien National et du Canadien Pacifique, est de 100 km.

Revenus: le transport maritime génère pour 3 milliards de dollars d'activité économique au Québec (2011).

Emplois:le ministère des Transports du Québec évalue à 27 350 le nombre d'emplois en lien avec les activités maritimes et portuaires du Québec (2010).

Au Canada

Les activités de manutention du fret dans les ports et les terminaux maritimes canadiens se sont redressées en 2010. Elles ont atteint 450,0 millions de tonnes (Mt), en hausse de 9,8% par rapport aux 410,0 Mt de 2009.

Source: Statistique Canada