Le transporteur Megabus qui assure la liaison directe entre Montréal et Toronto a récemment quitté la gare d'autocars de l'îlot Voyageur pour s'établir ailleurs au centre-ville, avec son propre terminus au rez-de-chaussée de la tour du 1000, rue de la Gauchetière.

Or, l'ouverture de ce terminus concurrent vient compliquer la vente de la nouvelle gare de la rue Berri par le gouvernement du Québec. Ce dernier, par l'entremise de la Société immobilière du Québec (SIQ), a par ailleurs demandé à la Commission des transports d'enquêter sur Megabus et son propriétaire Coach Canada en regard de ce déménagement.

Enjeu considérable

L'enjeu est considérable pour la SIQ. Le prix qu'elle espère obtenir de la cession de l'exploitation de la gare risque de souffrir de la présence de cette nouvelle concurrence.

«La rentabilité de la société de gestion de la gare s'appuie aujourd'hui sur un effet de monopole», explique Denis Andlauer, directeur général d'Orléans Express. Ce transporteur qui assure la liaison Montréal-Québec a déposé une offre d'achat sur la gare de l'îlot Voyageur.

«Les frais de structure restent les mêmes, peu importe le nombre d'acteurs. Quand un transporteur comme Coach Canada s'en va, c'est un manque à gagner important dans les revenus de la société de gestion de la gare», ajoute-t-il.

M. Andlauer ne dévoile pas son prix d'achat, mais il reconnaît qu'il a tenu compte de la présence du terminus de Coach Canada dans son offre.

Satisfait des nouvelles installations, le patron d'Orléans Express reconnaît toutefois que les services du terminus Berri lui coûtent cher. Le transporteur, qui possède déjà le terminus de Sainte-Foy, à Québec, se propose de revoir le modèle d'affaires si son offre d'achat est acceptée.

En fonction du modèle actuel, 80% des revenus de la gare proviennent de commissions sur les billets vendus par les transporteurs. Principal client du terminus, Orléans Express contribue à 30% aux revenus totaux de la gare d'autocars de Montréal.

Valeur compromise

La SIQ a payé 25,5 millions de dollars en novembre 2010 pour acquérir le terminus de son ancien propriétaire, Roger Morin. En mars dernier, la société d'État a dévalué son investissement de 8,4 millions. Pour protéger la valeur de son actif, la SIQ a décidé de contre-attaquer à l'ouverture d'une gare concurrente au centre-ville par Megabus, qui utilise des autocars à deux niveaux.

«La SIQ a formulé par écrit à la Commission des transports du Québec une demande d'enquête sur la façon de Coach Canada de dispenser les services liés au transport interurbain», confirme Martin Roy, porte-parole de la société d'État. Les prétentions de la SIQ seraient que le permis de Coach Canada n'autorise pas d'autres destinations à Montréal que la gare d'autocars de l'îlot Voyageur, dit-on dans l'industrie.

L'enquête a un impact sur le processus de vente de la gare. «Le processus a été placé en attente d'une position de la Commission des transports», dit M. Andlauer, rapportant les propos de RSM Richter Chamberland, l'intermédiaire de marché choisi par le vendeur pour conclure la transaction. Richter n'a pas rappelé La Presse. La SIQ soutient au contraire que le processus se poursuit normalement.