Plus que jamais, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) aura son mot à dire dans l'expansion internationale de Keolis.

Avec un chiffre d'affaires de 4,4 milliards d'euros (5,7 milliards de dollars) et 50 150 employés, la multinationale française de transports en commun est déjà présente dans 13 pays. Au Québec, Keolis possède les autocars Orléans Express.

La Caisse détient actuellement 20% des actions de Keolis, mais cette situation est sur le point de changer. La participation de la CDPQ passera à 30% en raison du départ du fonds d'investissement AXA Private Equity. La participation de l'autre actionnaire de Keolis, la Société nationale des chemins de fer de France (SNCF), passera à 70%.

«Nous sommes en attente des autorisations des autorités réglementaires européennes, a indiqué le vice-président principal aux investissements dans les infrastructures de la CDPQ, Macky Tall, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Si tout va bien, ça devrait rentrer au cours des deux prochains mois.»

La CDPQ a investi dans Keolis en 2007. La Caisse ne veut pas révéler la valeur exacte de cet investissement, mais, selon son dernier rapport annuel, elle se situerait actuellement entre 300 et 500 millions de dollars.

«Dans le consortium, la SNCF était le partenaire industriel et stratégique qui amenait une expertise sectorielle, alors que la Caisse et AXA étaient les partenaires financiers», a indiqué M. Tall.

Il a affirmé qu'à titre de partenaire et actionnaire, la CDPQ participait à toutes les décisions importantes que pouvait prendre Keolis. Cette pratique se poursuivra, même si la position de la SNCF continue d'être prépondérante.

«Nous travaillons avec les gens de la SNCF depuis cinq ans, a rappelé M. Tall. Ça nous a amenés à bien nous connaître. Nous avons un niveau d'alignement élevé au sujet des objectifs que nous voulons fixer à Keolis au cours des cinq prochaines années.»

Il a indiqué que Keolis devra consolider sa croissance en France et continuer à améliorer le service donné aux collectivités françaises. «Keolis aura également comme objectif de poursuivre et accélérer, de façon très ciblée, la croissance internationale, en exploitant encore mieux la très forte compétence opérationnelle et l'innovation de ses gestionnaires et de ses employés», a déclaré M. Tall.

Au Québec, Keolis est présente depuis une dizaine d'années. La société a acquis en 2002 une participation de 75% dans le Groupe Orléans, qui exploite notamment les autocars Orléans Express. En janvier dernier, Keolis est devenu l'actionnaire unique du Groupe Orléans, qui se fera connaître désormais sous le nom de Keolis Canada. Il conservera toutefois ses marques commerciales, comme Orléans Express, qui relie notamment Québec et Montréal, et Acadian, qui dessert des communautés dans les provinces de l'Atlantique.

M. Tall a indiqué que la croissance était au programme.

«À travers Orléans Express, Keolis va être à l'affût de tout ce qui pourrait se présenter comme occasion intéressante et qui pourrait respecter ses critères d'investissement», a-t-il déclaré.

Le secteur du transport public au Québec comprend encore un grand nombre de petits acteurs. Il y a donc de la place pour de la restructuration. Mais Keolis doit faire face à un robuste concurrent, Transdev, qui est également une multinationale française spécialisée dans les transports publics. Au Québec, Transdev possède Limocar, qui effectue notamment la liaison Montréal-Sherbrooke, et Autobus Auger, qui dessert entre autres les réseaux du Conseil intermunicipal de transport (CIT) de la Vallée-du-Richelieu et le CIT des Laurentides.

Le fait que la CDPQ soit un actionnaire important de Keolis constitue un avantage, a indiqué M. Tall.

«Dans la mesure du possible, nous donnerons notre feed-back sur le marché au Québec, que nous connaissons bien, a-t-il expliqué. Mais je rappelle que, dans le secteur du transport, ce n'est pas la Caisse qui amène l'expertise opérationnelle et l'optimisation de l'exploitation. Cette expertise vient de nos partenaires.»

M. Tall a affirmé que la participation de la Caisse dans Keolis constituait un investissement à long terme.

«Notre portefeuille en infrastructure a comme objectif d'aller chercher des rendements stables et prévisibles à long terme au bénéfice des déposants de la Caisse, a-t-il déclaré. L'investissement dans Keolis cadre parfaitement dans cet objectif.»

Keolis a dégagé un bénéfice de 37,1 millions d'euros en 2011, soit 47,9 millions de dollars.