Le gouvernement Harper ne s'adressera pas aux tribunaux pour voler au secours des 2600 travailleurs licenciés d'Aveos, a laissé entendre le ministre des Transports, Denis Lebel, jeudi.

Le syndicat des employés d'Aveos et l'opposition réclament depuis plus d'une semaine qu'Ottawa force Air Canada à reprendre les employés mis à pied par son sous-traitant. Leur argument : la loi qui a encadré la privatisation d'Air Canada dans les années 80 précise que le transporteur doit maintenir des activités d'entretien et de révision dans trois villes canadiennes, dont Montréal.

Or, le ministre a produit un avis juridique, jeudi matin, selon lequel la fermeture d'Aveos ne place pas Air Canada en contravention de la loi fédérale. Le document l'incite à ne pas entreprendre de recours judiciaires contre le transporteur aérien.

Questionné aux Communes, le ministre Lebel a laissé entendre qu'il ne poursuivra pas Air Canada.

«Pendant qu'on spécule, nous travaillons avec les faits, a-t-il déclaré. Et les faits sont qu'Air Canada respecte la loi.»

Le ministre Lebel avait soufflé le chaud et le froid dans ce dossier au cours des derniers jours. Il soutenait d'une part que la fermeture d'Aveos est une décision d'affaires privée. Mais d'un autre côté, il martelait que «la loi est la loi», et qu'Air Canada doit la respecter.

Le syndicat des travailleurs et les partis d'opposition à Québec pressent le gouvernement Charest de poursuivre Air Canada.

Témoignage attendu

Jeudi matin, le président d'Air Canada, Calin Rovinescu, s'est présenté devant un comité parlementaire pour répondre aux questions des élus sur la fermeture d'Aveos.

Son point de vue : la faillite de ce sous-traitant et la mise à pied de ses 2600 employés ne met pas son entreprise en contravention de la loi.

M. Rovinescu affirme qu'Air Canada a déjà entrepris des démarches auprès d'autres sociétés de maintenance d'avions pour les inciter à embaucher les travailleurs licenciés à Montréal, Toronto et Winnipeg par Aveos. Ces démarches sont toutefois à un stade préliminaire, a-t-il précisé.

«Beaucoup de ces unités d'affaires peuvent absolument être ressuscitées par de nouveaux propriétaires, par desjoueurs plus puissants et stratégiques, a indiqué M. Rovinescu. Mais pas nécessairement toutes.»

M. Rovinescu a refusé de répondre aux questions des journalistes après sa présentation.

Les partis d'opposition martèlent que le gouvernement Harper doit venir en aide aux travailleurs licenciés.

«Pour moi, aujourd'hui, c'est clair, a déclaré le député libéral Denis Coderre. Le ministre des Transports a totalement abdiqué.»

Le député néo-démocrate Yvon Godin souligne que la décision du ministre de ne pas se mêler des affaires d'Air Canada est surprenante de la part d'un gouvernement qui a adopté une loi spéciale, il y a deux semaines, pour priver les travailleurs de leur droit de grève.

«Dans la Chambre des communes, il continue à dire qu'il ne se mêle pas dans des compagnies privées, a dénoncé M. Godin. Ce même gouvernement il y a une couple de semaines passées a légiféré les employés à l'ouvrage dans une compagnie privée. C'est un menteur.»