Le messager a changé, mais pas le message. Le nouveau grand patron de l'Association internationale du transport aérien (IATA), Tony Tyler, a dénoncé hier le fardeau fiscal qui ralentit le secteur aérien canadien.

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Il y a un peu plus d'un an, le directeur général et chef de la direction de l'IATA, Giovanni Bisignani, avait déclaré devant le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) que les taxes qui gonflaient les billets d'avion au Canada faisaient fuir les visiteurs.

Devant le même CORIM hier, M. Tyler, qui a pris la succession de M. Bisignani en juillet dernier, s'est aussi attaqué à la gourmandise des divers gouvernements au Canada.

«L'aviation contribue pour 33,3 milliards au produit intérieur brut canadien et crée 401 000 emplois au Canada, a déclaré M. Tyler. C'est impressionnant, mais l'aviation pourrait contribuer encore davantage si le gouvernement adoptait une attitude plus stratégique.»

Il a indiqué que le gouvernement fédéral imposait à l'ensemble des aéroports canadiens un loyer de 250 millions par année, ce qui, selon lui, rend le secteur aérien canadien moins concurrentiel. Cette charge s'ajoute aux taxes imposées localement par les municipalités et aux frais liés à la sécurité facturés aux passagers, de trois à dix fois plus élevés qu'aux États-Unis, selon les destinations.

«Il n'y a pas que le secteur canadien du transport aérien qui est frappé lorsque les passagers choisissent de s'envoler à partir des aéroports américains, a déclaré M. Tyler. Toutes ces voitures additionnelles sur les routes ne peuvent pas être très bonnes pour l'environnement. Et toutes les entreprises qui dépendent de la connectivité en souffrent.»

Il a affirmé que le Canada pourrait utiliser le secteur aérien comme un catalyseur pour la croissance, compte tenu de la qualité de ses infrastructures aériennes. «Ces avantages ne peuvent pas contrebalancer des politiques gouvernementales qui considèrent le secteur aérien comme une vache à lait plutôt que comme un puissant cheval de trait, a-t-il lancé. Il est temps que Transports Canada entreprenne une revue de la politique de taxation de ce secteur et de la politique d'accès à ce mode de transport.»

M. Tyler a également profité de l'occasion pour s'élever contre le système d'échange de quotas mis en place unilatéralement par l'Union européenne pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce geste a provoqué le mécontentement à l'extérieur de l'Europe.

«Il faut féliciter l'Union européenne pour avoir placé la question des émissions tout en haut de l'ordre du jour mondial, mais il faut reconnaître que ce n'est pas à Bruxelles que l'on adoptera une approche globale pour la gestion des émissions internationales du secteur aérien, a-t-il soutenu. C'est à Montréal, au sein de l'Organisation de l'aviation civile internationale.»