L'installation d'une usine de Bombardier Aéronautique (T.BBD.B) au Maroc inquiète les syndiqués montréalais.

L'ouverture d'une usine au Mexique nous a laissé un goût amer, a déclaré le président de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ), Yvon Paiement, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Si le Maroc ne nous inquiétait pas, on ne serait pas normal comme être humain.»

Le grand patron de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, s'est rendu hier dans la capitale marocaine, Rabat, pour annoncer la construction d'une usine. Le projet de 200 millions de dollars commencera à prendre forme en 2012 et «comprendra d'abord des installations pour l'assemblage partiel de structures simples», peut-on lire dans le communiqué publié hier par Bombardier.

«Dans le cas du Mexique, ils avaient aussi dit le mot «d'abord», a commenté M. Paiement. Ils parlaient de 400, 500, 600 personnes. Ils sont maintenant rendus à 1600 employés.»

Il y a cinq ans, Bombardier a déménagé à Querétaro, au Mexique, tout le département du câblage électrique.

«Les gens chez nous avaient beaucoup d'ancienneté, ça avait été extrêmement difficile», s'est rappelé M. Paiement.

Après le câblage électrique, Bombardier a commencé à fabriquer d'autres éléments au Mexique.

M. Paiement a noté que le communiqué publié hier à Rabat indiquait que Bombardier «aura la possibilité de transmettre des connaissances et de partager des processus de fabrication complexes» au Maroc.

«On parle de structures simples, puis, quelques paragraphes plus bas, de processus de fabrication complexes, a souligné M. Paiement. Ça ne fitte pas bien bien, ça me fatigue un peu.»

La porte-parole de Bombardier Aéronautique, Haley Dunne, a indiqué que l'entreprise n'avait pas encore déterminé précisément le genre de structures qu'elle assemblera au Maroc, mais qu'il pourrait s'agir d'éléments comme des panneaux de sol.

La production devrait commencer en 2013. D'ici la fin de 2020, l'usine devrait compter 850 employés. Bombardier a précisé que ce projet n'aura pas d'incidence sur ses effectifs dans ses autres usines dans le monde.

M. Paiement a reconnu que la mondialisation pouvait avoir des effets bénéfiques.

«C'est sûr qu'en fabriquant un peu partout dans le monde, ça aide nos produits, a-t-il déclaré. Si Bombardier va au Maroc, ce n'est pas pour le plaisir. Si ça apporte des emplois chez nous, si ça conserve des emplois, tant mieux. Mais je ne peux pas dire que j'ai un grand sourire aujourd'hui.»

Bombardier a considéré la Turquie et la Tunisie avant de choisir le Maroc en raison de ses coûts de fabrication concurrentiels, des faibles coûts de transport, de la proximité avec l'Europe et de l'engagement du gouvernement marocain à développer l'industrie aéronautique. Mme Dunne n'a pas voulu spécifier quelle forme prendrait cet engagement.

«Les conditions de l'entente (avec le gouvernement marocain) sont confidentielles», a-t-elle déclaré.

Il y a quelques semaines, M. Hachey avait noté que la stabilité politique était un facteur que Bombardier prenait en considération. Les événements récents en Tunisie ont donc quelque peu refroidi Bombardier.

L'avionneur n'a pas encore choisi l'emplacement exact de son usine au Maroc. Mme Dunne a spécifié que l'endroit choisi devra avoir de bonnes infrastructures et devrait être à distance raisonnable d'une université avec faculté de génie et une école technique.

Bombardier a trouvé ces éléments à Querétaro, au Mexique. Le fabricant de composants Héroux-Devtek a choisi lui aussi de s'installer à Querétaro et a procédé à l'inauguration de son usine mardi. L'établissement de 47 200 pieds carrés commencera à produire des composants en décembre 2011, soit en avance sur le plan prévu.

Héroux-Devtek pourrait éventuellement porter la superficie de l'usine à 150 000 pieds carrés, ce qui lui donnerait la capacité d'y fabriquer des systèmes d'aérostructures et des trains d'atterrissage.