Maintenant qu'elle connaît les intentions de Boeing, Airbus et Embraer, Bombardier estime que la CSeries aura la voie libre pendant une bonne dizaine d'années.

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Un haut dirigeant d'Embraer a fait savoir la semaine dernière que l'entreprise ne lancera pas un concurrent direct à la CSeies. Embraer cherchera plutôt à améliorer sa famille de gros biréacteurs régionaux, les E-Jets, en les équipant notamment de nouveaux moteurs plus performants.

«Nous sommes très heureux de cette décision, a lancé le président de Bombardier Aéronautique [[|ticker sym='T.BBD'|]], Guy Hachey, hier, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires depuis le salon aéronautique de Dubaï. Cette remotorisation, ça va améliorer un peu leur avion, mais ça ne va jamais égaler la CSeries.»

Il y a près d'un an, Airbus a annoncé qu'elle allait doter l'A320 d'un nouveau moteur plutôt que de lancer un nouvel appareil dans cette catégorie. Après des mois d'hésitation, Boeing a choisi la même stratégie et a annoncé la remotorisation du B737. L'A320 Neo devrait prendre son envol en 2015 alors que le 737 Max devrait faire de même en 2017. L'E-Jet remotorisé devrait entrer en service en 2018.

Comme ces avionneurs ont choisi la voie de la remotorisation, ils ont remis à beaucoup plus tard le lancement de nouveaux appareils.

«Maintenant que nous savons exactement ce que va faire chacun de nos concurrents, nous croyons que nous avons un bon avantage, a affirmé M. Hachey. Nous savons que, pendant une période de 10 ans, nous aurons un avion tout à fait nouveau, optimisé pour le segment dans lequel nous allons compétitionner.»

Bombardier a d'ailleurs profité du salon de Dubaï pour annoncer que le transporteur turc Atlasjet avait signé une lettre d'intention pour l'acquisition de 10 biréacteurs CS300, soit le plus gros membre de la famille CSeries. Cette commande, d'une valeur de 776 millions US selon le prix de détail, sera assortie d'options pour cinq appareils de plus. Si Atlasjet exerce ces options, la valeur de l'entente passera à 1,18 milliard US.

«C'est notre premier transporteur à bas prix, s'est réjoui M. Hachey. C'est une autre façon de démontrer la flexibilité de la CSeries. C'est aussi notre premier client en Turquie.»

Il a indiqué que cette entente devrait se conclure dans les prochains mois.

La CSeries fait maintenant l'objet de 153 commandes fermes (si on inclut les lettres d'intention) et de 154 options.

«Bien que les investisseurs aimeraient sûrement voir plus de commandes, nous notons que Bombardier a vendu toute sa production jusqu'à la fin de 2015, a écrit l'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dans un rapport. Nous nous attendons à ce que le carnet de commandes prenne de l'ampleur à l'approche de l'entrée en service.»

Bombardier devrait livrer le premier appareil de la CSeries à la fin de 2013. L'avionneur s'était donné une marge de sécurité pour respecter ce délai, mais divers petits problèmes techniques ont amené Bombardier à utiliser cette marge. Si d'autres problèmes surviennent plus tard, la date de la première livraison pourrait glisser.

Le grand patron de Qatar Airways, Akbar al-Baker, a fait savoir hier que son entreprise s'intéressait toujours à la CSeries. Qatar Airways a annoncé hier une supercommande comprenant 50 appareils A320neo et 5 appareils A380, d'une valeur au détail de 6,4 milliards US.

Hier, l'action de Bombardier a glissé de 7 cents à 4,31 à la Bourse de Toronto.