Alors que Transat déplore la surcapacité qui règne sur le marché des destinations soleil, le voyagiste torontois Sunwing en rajoute.

«Notre flotte va passer de 19 à 23 appareils, déclare le président et chef de la direction de Sunwing, Stephen Hunter, au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires à Montréal C'est une augmentation de 18 à 20% de notre capacité.»

Sunwing veut offrir de nouvelles destinations, mais aussi davantage de flexibilité pour certaines liaisons populaires. Le voyagiste va notamment offrir des vols de jour entre Montréal, Cancun et Punta Cana. «Traditionnellement, les vols partent très tôt le matin et reviennent très tard le soir, observe-t-il. Nous croyons que des gens voudront payer plus cher pour avoir la commodité d'un vol de jour.»

Il affirme que, jusqu'à maintenant, les réservations pour la saison d'hiver surpassent les attentes. Depuis quelques années, le grand patron de Transat, Jean-Marc Eustache, déplore la surcapacité qui existe sur le marché des destinations soleil, qui fait en sorte qu'il est difficile de compenser l'augmentation des prix du carburant. Ainsi, au dernier trimestre, Transat a perdu 2,9 millions de dollars.

M. Hunter affirme que Sunwing fait des profits. En janvier 2010, l'entreprise a effectué un regroupement de ses activités avec celles de First Choice Canada dans le cadre d'un partenariat stratégique avec le géant européen Tui Travel. Une partie des résultats de Sunwing se retrouvent donc consolidés dans ceux de Tui. Au premier semestre de 2010-2011, les activités canadiennes de Tui ont enregistré un bénéfice d'exploitation de 19 millions de livres, soit 30 millions de dollars. «Il y aura toujours de la surcapacité, lance M. Hunter. Parfois, tous les voyagistes perdent de l'argent, parfois, un seul en perd.»

Sunwing n'est pas seule à ajouter de la capacité l'hiver prochain. Air Canada et WestJet ont fait savoir qu'elles entendaient accroître leur présence sur le marché des destinations soleil. Cela n'inquiète pas M. Hunter.

«Cela fait 30 ans que je suis dans le domaine, note-t-il. L'attitude des grands transporteurs est typiquement cyclique: lorsque le nombre de voyageurs d'affaires diminue, ils transfèrent des avions sur le marché des destinations vacances. Lorsque les voyageurs d'affaires reviennent, ils reprennent leurs avions. Il n'y a que deux véritables voyagistes au Canada, Transat et nous.»

Selon M. Hunter, Sunwing occupe 35% du marché du voyage au Canada, comparativement à 32% pour Transat. Les quatre ou cinq autres acteurs occupent des parts de marché de moins de 10% chacun.

Le directeur général de Sunwing au Québec, Sam Char, fait remarquer que Sunwing est en voie de créer plus de 500 emplois au Québec, notamment en raison de l'augmentation de la capacité. Il faut plus de pilotes, d'agents de bord, d'agents d'enregistrement, etc.

L'offensive de Sunwing s'exprime sur d'autres fronts: l'entreprise vient de lancer une nouvelle division hôtelière. Elle vient notamment d'ouvrir un hôtel luxueux de 250 chambres au Panama et entend en ouvrir six ou sept autres au cours des 12 prochains mois.

Au Québec, Sunwing continue de regarder si elle peut desservir d'autres aéroports secondaires. Elle dessert présentement Montréal-Trudeau et Québec, mais aussi Bagotville, Sept-Îles et Val-d'Or. Elle songe encore à desservir Trois-Rivières, si l'aéroport résout un problème de longueur de la piste d'atterrissage. L'entreprise pourrait être intéressée à Bromont, qui cherche à attirer des transporteurs nationaux.

«Desservir des aéroports secondaires, c'est une de nos stratégies, a déclaré M. Hunter. Lorsque nous avons offert Bagotville et Sept-Îles, les gens nous regardaient d'un drôle d'air. Nous avons développé ces nouveaux marchés et, maintenant, on nous prend au sérieux.»