Bombardier Transport (T.BBD.B) se bat contre vents et marées pour prendre pied sur l'île d'Oahu, à Honolulu (Hawaii).

L'Honolulu Authority for Rapid Transportation (HART) a choisi un consortium présidé par la firme italienne Ansaldo pour la construction et l'entretien d'un système de train léger automatisé de 5,3 milliards US.

Bombardier Transport a été éliminée avant la fin du processus d'appel d'offres. Elle a contesté cette décision devant le responsable de l'approvisionnement de la Ville d'Honolulu, puis devant le département du Commerce et des affaires de consommation de l'État d'Hawaii, sans succès. L'entreprise n'a cependant pas baissé les bras. Elle a transmis une protestation à la Federal Transit Administration et écrit une longue lettre aux membres du conseil d'administration de HART. Elle se présentera également demain matin à la Cour de circuit pour interjeter appel de la décision de la commission.

«Nous croyons que nous avons été traités injustement», a déclaré la porte-parole de Bombardier Transport aux États-Unis, Maryanne Roberts, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

Le projet de train léger automatisé comprend 32 km de voies surélevées et 21 stations. Il relierait notamment le centre-ville d'Honolulu à l'aéroport. Les passagers pourraient transporter dans les 80 voitures des bagages, des vélos, mais aussi des glacières et des planches de surf.

Le 21 mars dernier, le maire d'Honolulu, Peter Carlisle a annoncé l'attribution du contrat à Ansaldo US, un consortium créé par Ansaldo STS et Ansaldo Breda, après avoir disqualifié la proposition de Bombardier. La Ville d'Honolulu a expliqué que le fabricant canadien avait posé une condition inacceptable en ce qui concerne les responsabilités des parties. Bombardier a répliqué qu'il avait ajouté une phrase dans sa proposition non pas pour poser une condition, mais pour «clarifier une disposition de l'appel d'offres qui était mal libellée», a écrit le vice-président du développement des affaires de Bombardier Transport, Andrew Robbins, dans sa lettre aux administrateurs de HART.

«Ce qui est choquant, c'est la façon dont la Ville a traité cette disqualification, a poursuivi M. Robbins. Alors que tout au long du processus, la Ville a attiré notre attention sur divers points que nous pouvions améliorer dans notre proposition, elle ne nous a jamais fait savoir spécifiquement que cette phrase pouvait être vue comme une condition et qu'elle pouvait entraîner la disqualification de Bombardier.»

M. Robbins a ajouté qu'en disqualifiant Bombardier, la Ville a écarté la proposition la moins dispendieuse et celle qui répondait le mieux aux attentes techniques de HART.

La valeur de la proposition de Bombardier n'atteignait que 1,16 milliard US pour les voitures et l'exploitation du système, alors que celle d'Ansaldo se montait à 1,39 milliard et que la troisième, présentée par la société japonaise Sumitomo, atteignait 1,45 milliard.

M. Robbins a reconnu qu'il était inhabituel de voir un soumissionnaire écrire directement aux administrateurs alors qu'un appel était devant les tribunaux.

«Compte tenu de l'importance de votre mission vis-à-vis d'un projet qui changera le visage d'Honolulu pour les 100 prochaines années, il est impératif que vous ayez accès aux faits et aux informations qui ne vous ont pas été communiqués», a-t-il écrit aux administrateurs.

Il a fait valoir que le financement fédéral du projet ne sera pas disponible avant octobre 2012.

«Le conseil d'administration de HART a le temps de prendre les choses en main et de corriger la situation», a-t-il écrit.