Les dirigeants de l'industrie aérospatiale veulent faire éclater une fois pour toutes les mythes qui subsistent envers ce secteur important de l'économie canadienne.

À partir de mercredi, ils mèneront une véritable offensive aux quatre coins du pays pour souligner que cette industrie engendre des retombées économiques non seulement au Québec, mais dans toutes les régions, et qu'elle ne dépend pas des largesses du gouvernement fédéral pour croître, a appris La Presse.

Le président de Bell Helicopter, Barry Kohler, donnera le coup d'envoi de cette offensive en prononçant un discours à Calgary le mercredi 9 février. Deux jours plus tard, Ian Smart, vice-président de StandardAero, en fera autant devant le gratin du monde des affaires de Winnipeg. Le même jour, Marc Parent, président et directeur général de CAE inc., prendra la parole devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Pour sa part, le président et directeur général de Cascade Aerospace, David Schellenberg, expliquera l'importance de l'industrie aérospatiale pour l'ensemble du pays devant la Chambre de commerce de Vancouver le mercredi 16 février. Le pdg de Composites Atlantic, Maurice Guitton, discutera des retombées de cette industrie à Halifax le mercredi 2 mars. Enfin, le vice-président général de Bombardier Aerospace, Simon Roberts, doit conclure cette offensive en prenant la parole à Toronto quelques jours plus tard.

«C'est une démarche sans précédent de la part de l'industrie aérospatiale au pays», a affirmé hier Claude Lajeunesse, président et directeur général de l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC).

«L'industrie aérospatiale est une industrie qui est forte au Québec, mais elle est également forte dans plusieurs provinces, dans plusieurs villes. Il est donc de mise de rappeler aux gens que l'industrie joue un rôle absolument primordial dans notre économie», a ajouté M. Lajeunesse.

Doubler les emplois

L'industrie aérospatiale canadienne est la cinquième en importance au monde et représente 80 000 emplois de haute qualité au pays, a souligné pour sa part Maryse Harvey, vice-présidente aux affaires publiques de l'AIAC.

Selon une étude réalisée par Deloitte&Touche publiée en octobre dernier, le nombre d'emplois dans ce secteur pourrait doubler d'ici 10 ans au pays si l'industrie canadienne est en mesure de tirer son épingle du jeu pour répondre à la demande des pays émergents et celle découlant de l'augmentation du trafic aérien.

«La demande est évaluée à 3000 milliards de dollars au cours des 20 prochaines années. L'industrie canadienne est un leader dans plusieurs secteurs - les simulateurs, les moteurs, les matériaux composites par exemple. Nous sommes aussi les leaders dans l'entretien des avions. L'industrie est en très bonne position pour poursuivre sa croissance. Mais il faut prendre le temps de rappeler le rôle que joue cette industrie partout au pays», a affirmé Mme Harvey.

Débat sur les F-35

Cette offensive de l'AIAC, en gestation depuis près de 10 mois, survient alors qu'un débat fait rage à la Chambre des communes au sujet de la décision du gouvernement Harper d'acheter 65 avions furtifs F-35 à un coût de 9 milliards. Ces avions doivent remplacer la flotte vieillissante des CF-18 à partir de 2016. Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a promis de «suspendre» le contrat d'achat de ces avions s'il prend le pouvoir aux prochaines élections afin d'évaluer les besoins des Forces canadiennes en ces temps de restrictions budgétaires.

Ce contrat, accordé en juillet dernier par le gouvernement Harper, soulève la controverse parce qu'il a été accordé sans appel d'offres à une société américaine, Lockheed Martin, et parce qu'il ne contient aucune clause obligeant l'entreprise à investir l'équivalent de la valeur du contrat en retombées économiques au pays.

Mais le gouvernement Harper défend l'achat de ces avions sophistiqués en rappelant que c'est l'ancien gouvernement libéral de Jean Chrétien qui a décidé en 1997 de participer à ce projet avec une dizaine de pays, dont les États-Unis.

En outre, il soutient que les entreprises canadiennes pourront non seulement décrocher des contrats pour la construction des 65 avions que compte acheter le Canada, mais aussi pour au moins 3000 autres avions qui seront construits dans le cadre de ce projet sans précédent. On évalue que les retombées pour l'industrie aérospatiale canadienne pourraient atteindre au moins 12 milliards.