En dépit du ralentissement économique, le nouveau Learjet 85 de Bombardier n'a pas perdu d'altitude.
«Nous sommes très satisfaits, nous n'avons presque pas eu d'annulations», a déclaré le directeur général de Learjet, David Coleal, en conférence de presse hier, dans le cadre du congrès annuel de la National Business Aviation Association (NBAA) à Atlanta.
Bombardier a même continué à recevoir des commandes pour l'appareil en développement.
«Le carnet compte une soixantaine de commandes fermes», a affirmé M. Coleal.
Par comparaison, les appareils Learjet existants ont été durement touchés par la récession et ont fait l'objet d'un grand nombre d'annulations.
Le programme de développement du Learjet 85, le premier appareil de Bombardier dont la structure est presque entièrement faite de matériaux composites, suit l'échéancier prévu. L'entrée en service est toujours prévue pour 2013.
Les concurrents de Bombardier ne semblent toutefois pas pressés de se lancer dans le composite à grande échelle.
«Nous ne faisons pas notre sélection de technologies en nous basant sur ce qui est à la mode, a déclaré le grand responsable des avions d'affaires chez Embraer, Luis Carlos Affonso, en entrevue avec La Presse Affaires. Nous faisons une étude détaillée des compromis qu'il faut faire afin de déterminer quels sont les technologies et les matériaux les plus appropriées.»
Embraer utilise des matériaux composites pour certaines parties de ses appareils. Il y a ainsi environ 20% de matériaux composites dans les appareils Phenom et les appareils Legacy 450 et 500.
«Pour notre gamme d'avions actuelle, nous avons déterminé qu'une structure tout en composite n'était pas optimale, a soutenu M. Affonso. C'est plus onéreux, et lorsqu'on considère tous les paramètres, comme le bruit et l'isolation, ce n'est pas plus efficace.»
Il a toutefois indiqué qu'une structure tout en composite pouvait peut-être valoir la peine pour de plus gros appareils.
Dassault Falcon a également rejeté jusqu'ici l'utilisation de matériaux composites pour les principaux éléments de structure de ses appareils.
«À chaque étape importante, nous faisons une évaluation du poids et des coûts pour choisir la technologie pour la voilure, mais jusqu'ici, et même pour les programmes les plus récents, nous gardons une voilure métallique», a déclaré le président et chef de la direction de Dassault Falcon, Jean Rosanvallon, en entrevue avec La Presse Affaires. Et pourtant, nous avons de l'expérience avec les matériaux composites.»
Il a expliqué que Dassault utilisait déjà plusieurs matériaux composites pour la fabrication d'avions militaires.
«Nous sommes probablement le manufacturier d'avions d'affaires qui a le plus d'expérience avec les structures de composites», a-t-il lancé.
Bombardier utilisera deux technologies de matériaux composites pour son Learjet 85. L'avionneur aura recours à une technologie traditionnelle pour le fuselage, qui sera réalisé dans ses installations de Querétaro, au Mexique.
Pour les ailes, Bombardier fera appel à la même technologie qu'elle utilisera pour les ailes de la CSeries.
Le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, a indiqué à La Presse Affaires que l'utilisation des matériaux composites sur le Learjet 85 constituait une belle occasion d'apprentissage pour l'entreprise.
«Nous apprenons toutes sortes de choses, a-t-il déclaré. C'est l'avantage de développer cet appareil. À long terme, nous aurons d'autres avions (qui serons en composites).»
Bombardier a décidé de ne pas fabriquer la structure de ses deux nouveaux appareils Global en matériaux composites parce qu'il s'agissait de dérivés des appareils Global actuels.
«Lorsque nous avons un dérivé, c'est très dispendieux de modifier la structure», a-t-il rappelé.