Pratt& Whitney Canada (P&WC) est déçue de voir son rival GE monter à bord des nouveaux appareils Global de Bombardier.

Le motoriste canadien demeure cependant confiant de trouver un client pour son nouveau moteur PW800, qui sera assemblé à son usine de Mirabel.

«C'est toujours une déception de perdre, a déclaré Raffaele Virgili, vice-président au service à la clientèle de P&WC, en entrevue avec La Presse Affaires hier en marge du congrès de la NBAA à Atlanta. Il y a un besoin sur le marché et, par rapport à la concurrence, nous sommes confiants d'avoir la meilleure solution.»

Il a affirmé qu'un manufacturier d'avions d'affaires devrait annoncer la sélection du PW800 «dans un an ou deux».

Mais, publiquement, les manufacturiers ne se montrent pas pressés de se lancer dans le développement d'un gros avion d'affaires qui serait de la taille appropriée pour le PW800.

À l'origine, ce moteur devait équiper le Cessna Citation Columbus. Mais voilà, la récession a forcé le manufacturier de Wichita à reléguer ce projet aux oubliettes.

Lundi, le président de Cessna, Jack Pelton, a affirmé que l'entreprise espérait ramener un jour le Columbus, mais que, pour l'instant, elle préférait renforcer sa position sur le marché qu'elle desservait déjà, le marché des appareils plus petits.

Dassault Falcon, bon client de P&WC, ne s'est pas montrée pressée non plus. L'entreprise travaille présentement sur le SMS, un appareil plus petit qui devrait entrer en service en 2016, et n'entend pas se lancer de sitôt dans le développement d'un autre appareil.

«Nous avons des plans jusqu'en 2016, a déclaré le président et chef de la direction de Dassault Falcon, Jean Rosanvallon, en entrevue avec La Presse Affaires. Nous n'avons pas pris de décision sur ce que nous allons faire au-delà de cette date, ou si nous allons soumettre un appareil dans le créneau des nouveaux produits de Bombardier.»

P&WC espère d'ailleurs motoriser le fameux SMS. À l'origine, c'est Rolls-Royce qui devait propulser cet avion de catégorie intermédiaire supérieure, mais il y a deux ans, Dassault Falcon a tout remis en question.

M. Rosanvallon s'est fait très discret hier. «Nous avons fait le choix des principaux partenaires, mais nous avons décidé d'attendre avant de les annoncer, a-t-il affirmé. Ce sera peut-être en 2011.»

Le grand patron des avions d'affaires d'Embraer, Luis Carlos Affonso, s'est aussi montré peu empressé à l'idée de lancer un très gros avion d'affaires dans un avenir prévisible.

«Nous avons lancé six appareils au cours des cinq dernières années, a-t-il rappelé à La Presse Affaires au cours d'une entrevue. Nous avons beaucoup de pain sur la planche, nous utilisons toutes nos ressources en ingénierie.»

En outre, Embraer a entrepris le développement d'un avion de transport militaire, le KC -390, qui drainera de plus en plus de ressources. «Si nous avons pu lancer autant d'avions d'affaires entre 2005 et 2010, c'est parce qu'il y avait peu de grands développements dans la défense et l'aviation commerciale», a déclaré M. Affonso.

Gulfstream devrait également mettre la pédale douce au sujet du développement d'un nouvel appareil: le manufacturier américain développe présentement le G650, un appareil qui concurrencera le Global Express XRS et qui sera propulsé par Rolls-Royce.