Pour la firme espagnole CAF, les contribuables québécois vont être les dindons de la farce. Le contrat alloué sans appel d'offres au consortium Bombardier-Alstom coûtera 600 millions de plus que la solution proposée par Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF).

«Cela veut dire un amphithéâtre et demi pour Québec», a lancé hier Philippe Roy, le porte-parole de l'entreprise au Québec. «Est-ce qu'on peut se payer ce luxe-là?» s'interroge-t-il.

Pour CAF, les voitures prévues pour le métro de Montréal devraient coûter 1,43 million pièce, bien en deçà des 2,6 millions qu'on s'apprête à payer pour les voitures de Bombardier-Alstom.

À Santiago, au Chili, CAF vient de fournir des voitures sur pneumatique très proches de celles de Montréal pour 1,2 million pièce. À Toronto, Bombardier vient de livrer des wagons 50% plus spacieux que ceux de Montréal pour 2,1 millions pièce, explique M. Roy.

Hatch MacDonald, une firme d'experts indépendante, estime que les voitures devraient être payées 2,6 millions. «On aimerait bien voir cette étude», dira M. Roy.

«Nous, on parle des vraies valeurs du marché», souligne le porte-parole. CAF «peut encore rapidement s'établir au Québec». La firme n'avait pas davantage d'usine au Chili, ce qui ne l'a pas empêchée de décrocher le contrat. Bombardier n'avait pas d'usine en Inde et a obtenu un contrat important.

Traitée injustement?

CAF estime avoir été traitée injustement par le gouvernement Charest dans ce dossier, «très cavalièrement», dira M. Roy. Une rencontre avait été prévue avec le ministre Sam Hamad, qui s'est désisté à la dernière minute.

L'entreprise espagnole va prendre connaissance de la loi spéciale aujourd'hui. Elle décidera par la suite si elle exerce des recours judiciaires pour contester l'attribution du contrat ou pour réclamer des dommages - les coûts entraînés par le travail nécessaire pour être reconnue comme admissible au concours ouvert l'an dernier.