Aéropro est victime de l'acharnement de Transports Canada, selon des associations de transporteurs aériens, qui ont déploré, lundi, la révocation de son permis.

Transports Canada a pris la décision en fin de semaine à la suite d'un écrasement d'avion qui a fait sept morts en juin.

En conférence de presse à l'aéroport de Québec, le directeur de l'Association québécoise du transport aérien, Marco Prud'Homme, a dénoncé la «job de bras» de Transports Canada qui a pris une «décision politique». Il faut donc mettre fin à cette campagne de peur, selon lui.«On a laissé des pseudo-experts donner leur opinion, a-t-il commenté dans un entretien au terme de la conférence de presse. On a fait peur aux gens de façon prématurée. C'est le rôle de l'association de remettre les pendules à l'heure.»

M. Prud'Homme estime que rien ne justifie cette révocation, qui est une décision rarement vue au Québec. Il ne connaît toujours pas la nature de la vingtaine de constats d'infraction relevés par le ministère fédéral chez Aéropro, alors qu'il aurait fallu normalement présenter ces constats au transporteur pour faire les correctifs.

Son homologue de l'Association du transport aérien du Canada, John McKenna, a rappelé que Aéropro avait passé avec succès les inspections de Transports Canada en avril. Mais au cours des trois dernières semaines, une équipe d'inspecteurs est débarquée dans le but évident d'en faire un «bouc émissaire».

«On essaie de comprendre, parce qu'il n'y a pas eu de raison précise invoquée pour révoquer le permis, a commenté M McKenna. (Dans la décision de Transports Canada), on remonte à des faits d'il y a 10 ans, des faits qui dans bien des cas avaient été corrigés. Pourquoi pendant 10 ans on a permis à cette compagnie de voler et soudainement on décide de retirer le permis? C'est pour ça que je dis que cela a été fait sous les pressions du public.»

MM. Prud'Homme et McKenna ont ainsi dénoncé la médiatisation excessive de l'affaire et les amalgames faits entre les divers incidents. Ils ont tenu à faire une distinction claire entre l'accident qui a fait sept morts et un autre qui en a fait quatre à l'Isle-aux-Grues en mai. Les compagnies exploitantes ne sont pas les mêmes, a affirmé M. Prud'Homme, mais l'entretien des deux appareils impliqués était confié à la même entreprise.

Les deux représentants de l'industrie soutiennent que les enquêtes doivent suivre leur cours, conformément aux règles, avant de révoquer le permis.

M. Prud'Homme a assuré que les associations n'essaient pas de défendre leurs membres au détriment de la sécurité des voyageurs. M. McKenna a toutefois souligné que 250 emplois sont mis en péril chez Aéropro. Aussi, son collègue a évoqué la menace qui pèse maintenant sur chaque transporteur.

«Si un accident survient et que cet accident prend une ampleur médiatique importante, alors cela veut dire que personne n'est à l'abri de perdre son certificat d'exploitation», a soulevé M. Prud'Homme.

Plus tôt lundi, Aéropro a annoncé qu'elle s'adressera au Tribunal d'appel des transports du Canada afin de faire annuler la décision de Transports Canada de révoquer son permis.

Une requête sera présentée officiellement mardi matin et devrait être entendue au cours des prochains jours.

Par voie de communiqué, Aéropro s'est déclarée confiante de faire la preuve devant le tribunal que la décision de Transports Canada est injustifiée et démesurée.